La légende de McMahon
SPIRIT OF THE GOLDEN JUICE, PAR F.J. MCMAHON (ANTHOLOGY/MEXICAN SUMMER).
Pour ceux qui auraient l’esprit mal placé, dissipons un doute : le Golden Juice était le surnom donné au bourbon par les soldats. En 1969, de retour d’Asie du Sud-Est, le vétéran F.J. McMahon enregistre à San Francisco cet unique album autobiographique chargé de protest songs. Le son est brut, sans effets, avec deux guitares acoustiques, dont l’une tricote des petits solos mixés très en avant. La voix est d’une grâce infinie, grave, hantée, et chargée d’émotions. Elle dénonce la guerre, les injustices, les tromperies, la solitude, l’errance. Après avoir sillonné la côte Ouest pendant deux ans, jouant où il pouvait, souvent payé au chapeau et sans vendre un seul disque, il raccroche la sixcordes, s’engage dans la marine puis disparaît de la circulation. Ecoutez la magistrale « Sister, Brother » écrite en à peine dix minutes qui ouvre ce chefd’oeuvre au songwriting impeccable (on dirait du Tim Hardin ou du Townes Van Zandt). En 2009, le label anglais Rev-Ola avait le premier exhumé en CD ce trésor resté enfoui pendant quarante ans. Les puristes vont être aux anges avec cette réédition, uniquement vinyle, accessible enfin sans avoir à débourser une fortune. Levons nos verres de Golden Juice à cette bonne nouvelle !