L'Officiel de La Franchise

CHOISIR SA FRANCHISE : PASSION OU RAISON?

- Marie ROQUES

Le choix d’une enseigne est toujours un moment délicat. Faut-il suivre sa passion pour un métier et s’appuyer sur la motivation qui en découlera pour atteindre la réussite ou au contraire procéder de manière raisonnabl­e pour sécuriser votre investisse­ment ? L’idéal se trouve dans un subtil mélange entre ces deux options, parfois difficile à réaliser.

Devenir franchisé n’est jamais un parcours linéaire. Certains rejoignent un réseau car l’un de leur ami y a réussi, d’autres pour capitalise­r et comptent sur un important retour sur investisse­ment. D’autres encore pour changer de vie. Pour toujours mieux vous guider dans vos premiers pas de franchisés, nous avons cherché à savoir quelle place la passion pour un métier ou une activité pouvait avoir dans le choix d’un réseau de franchise. Autrement dit, franchise et passion font-elles toujours bon ménage ? Votre attrait pour le métier de fleuriste, garagiste ou encore restaurate­ur vous assure-t-il une réussite à coup sûr ? Voici quelques éléments de réponse. À première vue, il serait tentant de répondre de manière assez simple. Oui, si vous aimez ce que vous faites, vous réussirez. “La passion du franchisé crée toujours de l’enthousias­me et de l’énergie, analyse Lydie Galland, consultant­e chez Progressiu­m, cela va générer une ambiance propice à la réussite au sein du point de vente mais aussi des équipes.” Selon cette spécialist­e, la passion peut être contagieus­e et aussi avoir un impact positif sur la relation avec les clients. “Un bon vendeur est capable de tout vendre, mais il ne le fera pas de la même manière s’il est passionné et véritablem­ent habité par son produit”, ajoute Lydie Galland. Elle constate également que dans certains réseaux lorsque l’on analyse les résultats des franchisés et des succursale­s, il existe des différence­s de performanc­e. Les premiers affichant des résultats souvent supérieurs car, bien souvent, ils sont passionnés et ont à coeur de faire vivre l’enseigne et de la valoriser. Et aussi car il s’agit de mener leur propre affaire vers la réussite.

Vecteur de réussite

Si la passion est un élément essentiel pour choisir un réseau de franchise et y réussir, cela ne suffit pas. “On peut dire que c’est un bon point de départ”, traduit Lydie Galland. Un point de départ pourtant essentiel chez Simplici Car, enseigne de vente de voitures d’occasion. “Pour nous, c’est le point numéro 1 dans le recrutemen­t de nos franchisés, explique Yoni Dayan, son fondateur. Nous leur demandons une expérience commercial­e réussie, dans le secteur de l’automobile si possible. Si la passion est également présente, c’est l’explosion.” Pour autant, il faut garder en tête que la passion n’est pas toujours vecteur de réussite. Il est donc absolument essentiel de bien préparer votre projet en vous plongeant, notamment, dans les résultats des franchisés déjà en place. Si, par exemple, plusieurs d’entre eux n’arrivent pas à se dégager un salaire satisfaisa­nt au bout de deux ans, aussi passionnan­t que

peut paraître le concept, il ne faut pas vous laisser aveugler et passer votre route. Vous trouverez sans doute une autre enseigne dans laquelle vous pourrez assouvir votre passion tout en gagnant votre vie ! Votre amour pour un métier ou une activité ne doit pas vous conduire à la précipitat­ion. Au sein de l’enseigne Helen Doron English, spécialist­e de l’enseigneme­nt de l’anglais aux enfants, la passion occupe une place primordial­e. “C’est même LE premier critère, assure Elisabeth Ruelle-Megrelis, master franchisée de la marque en France. Bien évidemment, nous regardons l’expérience en management, l’apport personnel, mais il est essentiel d’avoir un bon feeling avec les enfants et d’être passionné par l’enseigneme­nt et la transmissi­on. Car cette passion, elle ressort dans tous les contacts que les franchisés vont avoir avec les clients. C’est essentiel.” Dans les rangs du réseau Vertikal, spécialisé dans le ravalement et la rénovation de façades, la passion n’est pas toujours au rendez-vous dans la sélection des franchisés. “Mais bien souvent, cela vient dans les premiers temps d’activité, témoigne Christian Badia, son fondateur. Les franchisés ont des profils très divers. Certains nous rejoignent car ils ont entendu parler de nous en faisant retaper leur maison, sont véritablem­ent amoureux des

vieilles pierres, tandis que d’autres souhaitent faire un investisse­ment et se passionnen­t pour notre métier avec le temps.”

Une exigence utopique

Christian Badia estime que pour choisir son réseau de franchise, il faut aimer son futur métier mais sans forcément regarder à la rentabilit­é, dans un premier temps. “Sur notre secteur, c’est en s’investissa­nt sans se forcer que l’on arrivera à la rentabilit­é. C’est la passion qui va apporter la plus-value dans les propositio­ns que l’on va formuler auprès de nos clients.” Pour autant, chez certains franchiseu­rs, il paraît utopique de placer la passion comme critère de recrutemen­t des franchisés et encore plus comme critère de réussite. “La passion n’est pas un aspect majeur chez nous, confirme Vincent Bauquier, directeur du réseau La Cervoiseri­e. Nous recherchon­s tout d’abord des profils de commerçant­s, d’entreprene­urs. Pour nous cela constitue une base nécessaire pour mener à bien le projet. Il faut aussi avoir des compétence­s en management, en vente et en gestion de point de vente.” Pour tout ce qui concerne la connaissan­ce des produits, Vincent Bauquier mise sur la formation dispensée aux nouveaux franchisés. “L’important, au-delà d’être passionné par nos produits, c’est d’être capable de porter nos valeurs de partage, de bienveilla­nce, de conviviali­té et de retrouvail­les.” Pour autant, La Cervoiseri­e compte quelques franchisés passionnés par la bière. Si c’est un plus, ce n’est pas cela qui va garantir le succès du

“Un bon vendeur est capable de tout vendre, mais il ne le fera pas de la même manière s’il est passionné”

point de vente, selon le franchiseu­r. “Si vous êtes passionné, mais désorganis­é. Que vous confondez bénéfices et trésorerie, cela ne peut pas marcher”, confirme-t-il. La passion est au coeur du projet Poutinbros, réseau de restaurati­on axé sur la poutine, le fameux plat canadien. “Pour nous, c’est une histoire de famille, confie Nicolas Gaudin. À l’origine, nous sommes trois frères. L’un d’entre nous est parti vivre à Montréal il y a six ans et nous a fait découvrir ce plat traditionn­el. Nous avons aussi un attachemen­t culturel et familial avec le Québec.” Cependant, s’il aimerait trouver des entreprene­urs passionnés par les traditions culinaires du Québec au cours du recrutemen­t de ses premiers franchisés, il estime qu’il ne peut pas en faire un critère de premier ordre. “Nous nous sommes posés la question de prendre en compte ce critère, mais nous nous sommes vite rendu compte qu’il était d’abord essentiel de trouver de bons managers pour assurer la réussite des restaurant­s”. Alors passion ou raison ? À vous de choisir.

“Si vous êtes passionné, mais désorganis­é. Que vous confondez bénéfices et trésorerie, cela ne peut pas marcher”

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France