Evasion: perdu au paradis, en Nouvelle-Zélande.
Entre ciel immensément bleu et terre infiniment belle, se retrouver, renaître au monde… En Nouvelle-Zélande, dans une crique de l’île du Sud, un refuge de luxe permet à ce rêve des temps modernes de devenir réalité. Félicité grandeur nature.
AAUX ANTIPODES DE L’EUROPE, À 19 000 KM À VOL D’OISEAU DE PARIS, un nid de pierre et de verre bâti à flanc de volcan regarde la mer. Refuge pour Hobbits fuyant les affaires du monde, éco-logis en terre maorie, gloriette pour lune de miel, l’Annandale Seascape Cottage déploie son origami architectural.
ENFIN SEULS
Pour arriver « là où on ne vous trouvera pas », dixit l’épigraphe du lieu, il aura fallu emprunter un hélicoptère. Ou un 4 x 4 avec chauffeur pour remonter la piste – quarante-cinq minutes de cache-cache avec la falaise – de ce no man’s land. Mais promesse tenue ! Quelques panneaux croisés, avertissant de la possible traversée de pingouins, et dès le pied mis à terre, l’euphorie enfantine de robinsonnades à l’épée de bois, l’ivresse d’un « toi et moi, seuls au monde » vous envahissent. Déboussolés, ébahis, on découvre ce refuge de premier matin du monde lové dans la péninsule de Banks. Vue du ciel, celle-ci dessine un cercle presque parfait au milieu de la côte est de l’île du Sud. À sa pointe, le déferlement des quarantièmes rugissants. Dans son ciel, celui des vagues vertes et violettes d’aurores australes. Et là, ô rumeurs d’une autre habitude, cette petite maison, fusionnelle, faisant corps avec la nature.
ARCHISAUVAGE
« Lorsqu’on intervient dans un environnement aussi beau, il faut avoir à l’esprit que l’homme et ses constructions font partie intégrante de la planète. Au même titre que les pierres et les arbres, nous sommes fils de la terre. De cette prise de conscience naissent l’exigence et le respect », déclare Andrew Patterson. Multiprimé, considéré par la prestigieuse revue World Architecture News comme « l’une des cinq personnalités dont les idées contribuent à façonner l’avenir de l’architecture mondiale », c’est lui qui signe cette folie contemporaine. Système de récupération des eaux et commandes digitales y
cohabitent : luxe et épure taillés sur mesure pour cette vigie solitaire. Et pour seule société, celle de moutons – en Nouvelle-Zélande, ils sont 40 millions pour 4,5 millions d’habitants ! – et de dauphins.
LOVE STORY
À l’origine de cette aventure, Mark Palmer, un Kiwi (surnom donné aux Néo-Zélandais), ayant trouvé fortune dans l’immobilier aux États-Unis. Alors qu’il fait escale sur sa terre natale, il tombe fou amoureux d’Annandale. Une ancienne ferme de 2 000 hectares, où paissent 500 vaches et 10 000 moutons. De ce corral prodigieux, il va faire une « ferme-auberge » avec quatre écoretraites, dont Seascape, son repaire secret. Aujourd’hui, il en donne la luxueuse solitude en partage. Mais inutile de se transformer en chasseur-cueilleur pour se repaître de cette vie sauvage. Chaque jour, arrivent de la ferme à la table des paniers gastronomiques 100 % locavores préparés par un chef. Ne reste plus qu’à suivre les consignes pour se confectionner des repas de roi, choisir une bouteille dans la cave, se laisser bercer par le ressac des vagues et envoûter par les flammes du feu de bois. Dans la nuit étoilée, tout à coup, ce vers de Victor Hugo résonne comme une ode universelle : « Aimer, c’est voir, sentir, rêver, comprendre. »