Madame Figaro

L’UPCYCLING, nouvelle circulaire de la mode ? ALERTE ROUGE

RIEN NE SE PERD, TOUT SE RECRÉE… EN MIEUX. C’EST DEVENU LE MANTRA DE LA FASHION SPHÈRE, QUI TRANSFORME TISSUS ET SURPLUS EN VÊTEMENTS STYLÉS.

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« L’industrie textile sera bientôt la plus polluante au monde », lançait en mai dernier l’entreprene­ur américain David Roberts au sommet de la mode de Copenhague. Un cri d’alarme qui accompagne la nouvelle lame de fond bienveilla­nte qui secoue la mode : l’upcycling ou l’économie circulaire appliquée au textile. Plus écologique que le recyclage – car ne nécessitan­t pas d’action chimique ou mécanique –, le concept consiste à revalorise­r des matières destinées à être jetées. En résumé : rien ne se perd, tout se recrée. Le concept fait désormais florès. Pour preuve, Marine Serre, la nouvelle chérie de la mode parisienne, qui, pour sa collection automne-hiver, a récupéré des stocks de centaines de foulards et de chemises en soie pour les retravaill­er en robes drapées. Continuant sur sa lancée, elle propose également pour sa collection printemps-été 2019 une ligne couture entièremen­t basé sur… l’upcycling. « J’ai un véritable attrait pour les choses qui ont déjà vécu, expliquet-elle. Et puis, pourquoi aller commander un tissu en Chine ou créer un imprimé qu’il faudra changer la saison d’après ? Avec l’upcycling, on peut produire des pièces uniques et tout aussi désirables. »

ÉTHIQUE STYLÉE

Mais pourquoi un tel engouement autour d’un concept qui n’a rien de neuf en soi ? (Martin Margiela avait, dès sa première collection en 1989, créé des hauts à partir de sacs en plastique). Sans doute une histoire de chiffres terrifiant­s qui, depuis deux ans, surgissent dans les rapports du secteur. Notamment ceux de la fondation Ellen MacArthur, présentés en novembre 2017 par Stella McCartney : chaque année, à peine 1 % des textiles produits sont réutilisés et 500 000 tonnes de microfibre­s sont relâchées dans l’océan. Signe des temps, Nike, H & M, Gap et Burberry viennent de rallier le programme Make Fashion Circular de la fondation Ellen MacArthur, dont l’objectif est de créer une économie dans laquelle les vêtements ne deviendrai­ent jamais des déchets. Autre indice : les jeunes labels, qui, suivant des pionniers tels qu’Andrea Crews, sont de plus en plus nombreux à ne plus vouloir pêcher en eaux troubles et pratiquent un upcycling dans une démarche éthique et stylée.

SMART BUSINESS PLAN

Citons Marli et ses cabas recrées à partir de tissus d’ameublemen­t ou de chutes de cuir issues de grandes maisons, Ornement qui redonne une seconde vie à des surplus de l’armée (photo), Gaëlle Constantin­i qui conçoit des robes à partir de textiles anciens, ou encore Les Récupérabl­es : « Nous rachetons des fins de stocks à des marques sur des motifs non exclusifs, explique Anaïs Dautais Warmel, la fondatrice de ce label, ou nous chinons auprès de nos partenaire­s – Emmaüs, Le Relais, Ressourcer­ies – divers tissus que l’on reconstrui­t, après nettoyage, en vêtements basiques et couture. » Un business modèle intéressan­t pour les jeunes marques car cela coûte moins cher que d’acheter des tissus neufs, mais c’est avant tout une démarche écorespons­able. Car comme le dit un proverbe chinois actuel : « Si vous voulez connaître la dernière tendance, regardez donc la couleur des rivières en Chine ! »

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