NEW-LOOK
« Si l’on regarde en arrière la traduction des espoirs d’après-guerre au XXe siècle, on se rend compte qu’ils se sont exprimés, eux, par un retour au faste. Avec le new-look révolutionnaire de Christian Dior en 1947, on a vu apparaître des jupes gonflées dans des tissus soyeux au métrage insensé. Dans une France ruinée, encore soumise aux tickets de rationnement pour acheter du textile, on a d’abord crié au scandale. Mais cette surenchère exprimait aussi un hymne à la vie, une envie d’élégance et de beauté célébrant une féminité quelque peu disparue durant la guerre. Ce fut cependant un retour en arrière stylistique enfermant la femme dans un carcan de coquetterie – avec à la clé gaines, balconnets et vêtements pesants – qui a, quelque part, contrebalancé l’émancipation féminine des années 1940. Il faudra attendre Chanel et son tailleur de 1954 pour renouer avec un langage moderne et libérateur. » guidé pendant le confinement et m’a donné envie de programmer, avec l’archiviste Gaël Mamine, une exposition à ciel ouvert à Arles début juillet. Baptisée elle invite le voyageur à admirer sur les murs de la ville des photos, données par Sarah Moon, Paolo Roversi, Peter Lindbergh, Senta Simond… et imprimées sur des affiches. Les thèmes reflètent une forme de désertion, d’économie de moyens, où leur format poétique peut éclore plus librement encore. »