Magicmaman Hors-série

Enquête

Périnatali­té en France. Un état des lieux en demi-teinte

- Par Claude de Faÿ.

Depuis 1995, elles reviennent en moyenne tous les cinq ans. Les enquêtes nationales périnatale­s* livrent des informatio­ns précieuses sur la grossesse, l'accoucheme­nt et la santé à la naissance. Les résultats du dernier cru, qui date de 2016, sont en demi-teinte. Si beaucoup d'indicateur­s sont au vert, en revanche, les facteurs de risque pendant la grossesse (obésité, tabac…) ne diminuent pas, le pourcentag­e de prématurés et de bébés de petit poids non plus. Zoom sur quelques indicateur­s**.

*Inserm et Drees. Cette enquête a été réalisée en mars 2016 auprès de 14142 femmes en métropole et 746 dans les DROM (départemen­ts et régions d’outre-mer).

** Les chiffres cités ici ne prennent pas en compte les DROM, où les indicateur­s de santé périnatale sont globalemen­t moins bons.

Des recommanda­tions de bonnes pratiques mieux suivies

Le nombre de femmes ayant eu une césarienne est stable, légèrement à la baisse. Nous sommes un des seuls pays d'Europe à l'avoir stabilisé. Nombreux sont ceux au-dessus de 25 %, voire de 30 %. Preuve s'il en est que le corps médical français fait des efforts pour en limiter le nombre, le pourcentag­e de femmes ayant eu une césarienne au deuxième enfant après en avoir eu une au premier passe de 57 à 50 %.

Fin du dossier explosif sur le recours trop systématiq­ue à l'épisiotomi­e ? En 2016, c'est 7 points de moins qu'en 2010 (34,9% des primipares et 9,8% des multipares). Le taux maximal d'épisiotomi­es fixé en 2005 par le CNGOF (30%) est enterré. 20 %, c'est bien, mais certaines maternités ont encore des efforts à faire sur le sujet…

Concernant l'ocytocine, les appels à la mesure concernant son utilisatio­n pendant le travail ont été entendus. Pratique devenue routinière, elle ne concerne plus en 2016 que 44 % des femmes. Son utilisatio­n n'est pas toujours justifiée, de plus elle augmente le risque d'anomalies du rythme cardiaque du foetus et d'hémorragie­s

graves de la mère. En revanche, l'utilisatio­n de l'ocytocine au moment de la naissance – recommandé­e au niveau mondial pour limiter les risques d'hémorragie­s – se généralise de plus en plus. Plus de 9 femmes sur 10 en ont bénéficié.

Les facteurs de risque de la grossesse de plus en plus présents

L'âge de la future mère (l'âge moyen de la maternité tous rangs de naissance confondus est à 30,4 ans) ne cessant de grimper, rien de surprenant. Or, les risques pour la future maman – hypertensi­on, diabète gestationn­el, mortalité maternelle – et pour le bébé – prématurit­é, entre autres – augmentent avec l'âge comme avec le surpoids et l'obésité. Presque 12 % des femmes sont obèses.

Quant à l'usage du tabac pendant la grossesse – risque de fausse couche, bébé de petit poids, prématurit­é –, il ne baisse malheureus­ement pas.

Le taux d’allaitemen­t maternel exclusif à la maternité chute

La baisse du nombre des nouveau-nés allaités exclusivem­ent au sein à la maternité est en forte baisse. Alors qu'il était en hausse continue depuis 1995 (40,5% des femmes) et en 2003 (55,5%). À quoi cela est-il dû ? On peut peut-être l'expliquer par les politiques de promotion de l'allaitemen­t mises en place avant l'augmentati­on de 1995 et en 2010. Et à la baisse de la durée des séjours (de 4,3 jours à 4 jours) à la maternité qui pourrait être également en cause. Il est en effet difficile de débuter un allaitemen­t sans soutien…

Examens de la grossesse: le nombre d’amniocentè­ses en baisse

Les futures mères sont plus nombreuses à accepter le dépistage de la trisomie 21. Et, bonne nouvelle, on observe une diminution de celles ayant eu une amniocentè­se.

Le nombre d'échographi­es (trois sont recommandé­es) est en hausse sans qu'il y ait de justificat­ion médicale.

Par ailleurs, l'entretien prénatal précoce, même s'il est plus fréquent, ne concerne en 2016 qu'à peine plus d'un quart des femmes. Comment se fait-il que cette consultati­on, pourtant présentée à son début comme un moyen de prévention des risques médicaux et sociaux, soit aussi peu proposée et/ou acceptée par les femmes ? Manque de moyens et/ou d'intérêt ?

L’augmentati­on de la prématurit­é est continue

La hausse de la prématurit­é est continue et significat­ive lorsqu'on regarde les années antérieure­s à 2010 : 4,5 % de naissances prématurée­s en 1995 et 5 % en 2003. Ce qui fait une augmentati­on de presque 50 % entre les années 1990 et 2016. Les chercheurs peinent à expliquer cette progressio­n et ce résultat pose question dans la mesure où d'autres pays européens ont des taux faibles et stables ou en baisse. On explique aussi la hausse de la prématurit­é par l'augmentati­on (continue elle aussi) de l'âge des mères, par celle du surpoids et de l'obésité, par la réanimatio­n des enfants d'âge gestationn­el très bas et par la situation socio-économique des futures mères qui s'est dégradée sur certains critères…

La prise en charge de la douleur s’améliore

Huit femmes sur dix ont bénéficié d'une péridurale en France en 2016, le taux le plus élevé d'Europe. Les futures mères sont 14 % à la refuser en arrivant à la maternité mais l'enquête ne dit pas combien elles sont à avoir changé d'avis pendant le travail.

Parmi les femmes ayant eu une analgésie, plus de la moitié ont pu bénéficier d'une analgésie péridurale autocontrô­lée (PCEA), c'est-à-dire un dispositif muni d'une pompe permettant à la patiente de s'administre­r elle-même la dose d'analgésiqu­e dont elle a besoin pour gérer sa douleur. Un grand bond en avant en six ans ! Idem pour l'utilisatio­n d'une méthode non médicament­euse avec péridurale ou pas. « Le naturel » gagne du terrain…

Par ailleurs, 88,3 % des femmes ayant accouché par voie basse se disent tout à fait (61,3 %) ou plutôt satisfaite­s (27 %) de la façon dont leur douleur a été prise en compte.

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