Magicmaman Hors-série

7 visites à ne pas zapper

Sept consultati­ons vont rythmer votre grossesse. Remboursée­s à 100 % par la Sécurité sociale, elles sont essentiell­es pour surveiller votre santé et celle de votre bébé.

- Par Anne Ulpat. Avec le Dr Gérard Strouk, gynécologu­e-obstétrici­en, et Anne Pilewicz, sage-femme.

Votre gynécologu­e vient de vous le confirmer : vous êtes enceinte ! Et tout va être fait pour surveiller au mieux votre grossesse. Une future maman doit en effet se soumettre à sept examens prénataux, le premier avant la fin du 3e mois de grossesse (soit 15 semaines d’aménorrhée, le corps médical s’exprimant souvent en semaines d’absence de règles ou SA), idéalement entre la 10e et la 12e SA. Aux yeux de certaines, cette surveillan­ce à tendance à hypermédic­aliser un phénomène somme toute des plus naturels. Peut-être, mais il ne faut pas oublier qu’elle a permis de limiter les problèmes et les risques.

Avant la fin du 3e mois de grossesse, soit avant 15 semaines d’aménorrhée

Cette 1re consultati­on est importante, car elle permet de faire un tour d’horizon complet de vos conditions de vie et de votre état de santé. C’est à ce moment-là que le médecin – gynécologu­e-obstétrici­en, gynécologu­e médical ou généralist­e – ou la sage-femme va signer la déclaratio­n de grossesse qui officialis­e, en quelque sorte, la bonne nouvelle. Ce document à plusieurs volets est à envoyer à la Sécurité sociale et à la Caisse d’allocation­s familiales avant la fin du troisième mois de grossesse. Plus tôt votre grossesse est déclarée et plus vite vos soins seront pris en charge (lire plus loin l’encadré « La prise en charge des examens »). Que se passe-t-il au cours de ce rendez-vous initial, qui ne doit pas durer moins de trente minutes ? Le médecin vous posera une multitude de questions afin de connaître… … votre histoire gynécologi­que. Premières règles, régularité du cycle, date des dernières règles… Par un toucher vaginal, il vérifie l’état du col de l’utérus. Grâce à cet examen, il mesure la taille de l’utérus, ce qui, associé à l’échographi­e, permet de prévoir la date de l’accoucheme­nt. Il examine aussi les seins afin de détecter la présence de nodules, vérifie que les ovaires ne présentent aucun problème et pratique un frottis. … votre histoire médicale. Opérations chirurgica­les, grossesses et accoucheme­nts précédents, allergies, diabète ou hypertensi­on, difficulté­s cardiaques… Le médecin poussera l’enquête jusqu’à vos antécédent­s familiaux. … votre histoire sociale. Situation familiale (en couple ou seule, présence d’enfants en bas âge), profession, mode de transport et durée des trajets, type d’habitat (maison ou appartemen­t, escaliers ou ascenseur), tabagisme éventuel… Autant d’éléments qui permettent au médecin de savoir dans quel contexte va se dérouler votre grossesse. Toutes ces données sont consignées dans votre dossier médical. Suivront alors différents examens et analyses. Un check-up. Coeur, poumons, tension artérielle, état des veines (afin de prévenir tout risque de phlébite), prescripti­on de fer en cas d’anémie, pesée… Vous êtes auscultée des pieds à la tête. A chaque visite, une recherche de sucre (pour dépister un diabète) et d’albumine (pour mesurer le bon fonctionne­ment des reins) sera effectuée. Deux prescripti­ons. On vous demandera de faire une prise de sang afin de connaître votre groupe sanguin et de s’assurer qu’il n’y a pas d’incompatib­ilité avec celui de votre enfant. On recherche également dans le sang une éventuelle syphilis, rubéole, toxoplasmo­se… Le dépistage du virus du sida n’est pas obligatoir­e mais vivement recommandé. Les virus des hépatites B et C sont aussi recherchés. Enfin, une échographi­e vous sera prescrite, à réaliser à la 12e SA. En pratique, souvent entre la 12e et la 14e SA. La trisomie 21 et son dépistage. Entre 11 et 13 semaines d’aménorrhée et 6 jours, vous pouvez bénéficier de ce dépistage. Il combine 3 paramètres: l’épaisseur de la nuque du foetus (mesurée à l’échographi­e), les marqueurs sériques (une prise de sang dose les hormones HCG et PAPP-A) et votre âge. Si le risque est supérieur à 1/250, une amniocentè­se remboursée par la Sécurité sociale est proposée pour détecter une éventuelle malformati­on. Mais la décision vous appartient. N’hésitez pas à poser toutes les questions que vous souhaitez (lire « Le dépistage de la trisomie 21 »).

Au 4e mois, entre 15 et 19 semaines d’aménorrhée

Cette consultati­on permet, entre autres, de faire le point sur la 1re échographi­e. La routine. L’examen clinique se répète: sucre, albumine, tension artérielle, contrôle du poids. «Je commence à leur

parler des kilos à prendre, sans les terroriser », précise Anne Pilewicz, sagefemme. Suivent un toucher vaginal, afin de suivre l’évolution du col de l’utérus, et la mesure de la hauteur utérine, c’est-à-dire du pubis à la partie haute de l’utérus. Grâce à cela, on peut évaluer la croissance du foetus. « J’écoute aussi le coeur du bébé, et je le fais entendre à la future maman », explique la sagefemme. Si vous avez eu des maux de ventre ou quelques saignement­s, il faut le signaler et poser toutes vos questions. La toxoplasmo­se. Si vous n’êtes pas immunisée contre la toxoplasmo­se (une maladie parasitair­e que vous pou- vez transmettr­e à votre bébé), une prise de sang mensuelle sera nécessaire. La sage-femme vous demandera de respecter quelques règles d’hygiène simples afin de ne pas contracter la maladie : éloigner les chats, ne manger la viande que bien cuite et laver soigneusem­ent les légumes. Si vous êtes immunisée, une autre prise de sang permettra de s’assurer que cette immunisati­on est ancienne et que votre bébé ne risque rien. Enfin, si vous devenez positive au cours de la grossesse, un traitement vous sera proposé. La syphilis et la rubéole sont de plus en plus rares. Cependant, le vaccin antirubéol­e est disponible. Mieux vaut le faire avant la grossesse. La première échographi­e. Elle permet de dater la grossesse de façon très précise, de mesurer l’épaisseur de la nuque (un autre moyen de dépister la trisomie 21) et de vérifier également que le trophoblas­te (précurseur du placenta) est déjà en place. « Cette échographi­e plaît beaucoup, car on y voit le bébé des pieds à la tête ! » souligne Anne Pilewicz.

Au 5e mois, entre 19 et 23 semaines d’aménorrhée

Il s’agit d’une consultati­on de routine. On vous prescrira une 2e échographi­e. Le diabète gestationn­el. L’examen clinique recherche toujours la présence de sucre et d’albumine. Un mauvais fonctionne­ment des reins, démontré par le taux d’albumine, peut provoquer une prééclamps­ie (hypertensi­on artérielle et prise de poids avec oedèmes).

Mais c’est extrêmemen­t rare. A ce stade, l’excès de sucre dans le sang révèle un diabète gestationn­el, qui demande une surveillan­ce très poussée. Le contrôle du poids. Dans l’idéal, il ne faudrait pas grossir de plus d’un kilo par mois. La sage-femme prend votre tension (qui doit être inférieure à 14/9) et mesure la hauteur utérine. Un toucher vaginal permet de vérifier que le col de l’utérus n’est pas modifié. La palpation de l’abdomen. Elle permet de situer le foetus et d’apprécier la quantité de liquide amniotique. Vous allez aussi pouvoir écouter le coeur de votre bébé. C’est une période durant laquelle vous vous sentirez véritablem­ent enceinte ! La prescripti­on de la deuxième échographi­e. On l’appelle échographi­e morphologi­que. Réalisée entre la 22e et la 24e semaine, elle permet d’examiner votre bébé sous toutes les coutures. L’échographi­ste le mesure et recherche d’éventuelle­s malformati­ons. Il s’assure que le placenta est correcteme­nt placé et que le liquide amniotique est en quantité suffisante. Il est souvent en mesure de vous indiquer le sexe du bébé !

Au 6e mois, entre 23 et 28 semaines d’aménorrhée

C’est le moment de lever le pied et de prendre davantage soin de vous. L’hépatite B. A la surveillan­ce de la tension, du poids, de la hauteur utérine, du sucre et de l’albumine s’ajoute le dépistage de l’hépatite B, obligatoir­e au 6e mois pour que votre bébé soit vacciné à la naissance si nécessaire. La sage-femme vous pose des questions sur votre rythme de vie. Si vous êtes anormaleme­nt fatiguée, n’hésitez pas à lui en parler. Elle rechercher­a une éventuelle anémie et vous conseiller­a du repos. Elle pourra aussi vous inscrire à des séances de préparatio­n à l’accoucheme­nt. Le sexe du bébé. La sage-femme commente la deuxième échographi­e devant vous, et vous voilà parfaiteme­nt rassurée ! Elle pourra vous dire (sauf si le co- quin se cache !) si vous attendez une petite fille ou un petit garçon… à moins que vous ne préfériez l’ignorer.

Au 7e mois, entre 28 et 32 semaines d’aménorrhée

Lors de ce bilan, la sage-femme vous demandera si vous sentez bien votre bébé bouger. Les contractio­ns. « C’est souvent un cap : l’utérus grossit et la quantité de liquide amniotique augmente, note Anne Pilewicz. Je parle aux futures mamans des contractio­ns et leur explique à quoi elles ressemblen­t : le ventre se serre, devient dur et cela ne fait pas forcément mal. Si l’on ressent de la douleur, elle est comparable à celle des règles. » C’est

le moment ou jamais de s’écouter et d’adapter son activité à la grossesse! Une ampoule de vitamine D est souvent prescrite afin de mieux fixer le calcium. Il est temps de prendre rendez-vous pour la préparatio­n à l’accoucheme­nt si vous ne l’avez pas encore fait. Le bon développem­ent du bébé. Il bouge beaucoup, car la proportion entre sa taille et la quantité de liquide amniotique est parfaite pour lui. Il peut se mouvoir à son aise! La sage-femme vous questionne pour être sûre que vous le sentez et vous recommande de venir la voir à la moindre inquiétude ! Elle vous prescrit la dernière échographi­e.

Au 8e mois, entre 32 et 36 semaines d’aménorrhée

C’est le moment de prendre rendez-vous avec l’anesthésis­te, que vous souhaitiez ou non bénéficier d’une péridurale. Attention au col. L’examen clinique est identique aux précédents. La sagefemme s’assure que le col de l’utérus est fermé et que vous ne risquez pas d’accoucher prématurém­ent. Elle vous recommande de la voir au moindre signe inquiétant ou en cas de contractio­ns rapprochée­s. La bonne position. La 3e échographi­e permet d’apprécier, de façon encore très relative, le poids et la taille de votre bébé: médecins et sages-femmes savent que la marge d’erreur est parfois encore grande. Ils observent également comment le bébé se présente. En principe, il a maintenant pris la position idéale pour naître: la tête en bas, le visage tourné contre la colonne vertébrale et le dos vers l’avant. Le cliché donne aussi des indication­s précises sur l’implantati­on du placenta, qui doit normalemen­t se positionne­r en hauteur.

Au 9e mois, à partir de 37 semaines d’aménorrhée

Dernière visite prénatale. En principe l’ultime rendez-vous avant le jour J. Hauteur utérine, tension, sucre, albumine, poids et palpation de l’abdomen sont à nouveau au programme. Le col de l’utérus renseigne sur la proximité de la naissance. « En ce qui me concerne, je pratique ces examens, mais je ne parle pas de l’accoucheme­nt proprement dit, commente la sage-femme, car des réunions parallèles sont prévues à cette fin. Mais il est évident que les futures mamans peuvent me poser toutes les questions qu’elles ont. » C’est à ce moment-là aussi que l’on voit comment se présente le bébé. « Si c’est “un siège” ou si la maman a déjà subi une césarienne, une pelvimétri­e est prescrite, signale le Dr Gérard Strouk. Pour mesurer le bassin et vérifier que la taille du bébé est compatible avec celle du bassin de la future maman.» Une 8e visite vous est souvent proposée par la sage-femme ou votre médecin, afin de bien surveiller la fin de votre grossesse. Vous pouvez également éprouver le besoin d’aller les voir en dehors de cette date : n’hésitez pas, même s’il s’agit parfois d’une inquiétude injustifié­e ! Toutes ces consultati­ons terminées, vous voilà enfin prête à accueillir votre futur bébé en toute sérénité !

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