PRISME DE LUMIÈRE

APRÈS TROIS ANS DE TRAVAUX, LE TOUT PREMIER – ET UNIQUE – OUVRAGE ARCHITECTURAL DU CÉLÈBRE PEINTRE- SCULPTEUR ELLSWORTH KELLY A ÉTÉ INAUGURÉ LE 18 FÉVRIER DERNIER. IL FERA PARTIE DE LA COLLECTION PERMANENTE DU BLANTON MUSEUM DE L’UNIVERSITÉ DU TEXAS, À AU

À Austin, la première oeuvre architecturale du peintre sculpteur Ellsworth Kelly.

La « chapelle laïque » d’Ellsworth Kelly porte le nom d’Austin, la ville qui l’abrite, et mesure 250 m2 avec 8 mètres de hauteur sous plafond. Épurée et apaisante, la structure encapsule la vision de l’artiste et devrait vite devenir le symbole de l’université du Texas comme de sa capitale. Avec l’aide de Simone Jamille Wicha, la directrice du Blanton Museum, Kelly a passé les trois dernières années de sa vie à dessiner et concevoir le bâtiment dont il rêvait depuis plus de vingt ans. Des dessins jusqu’aux matériaux, il a choisi et validé le moindre détail depuis sa maison dans le nord de l’État de New York. La construction a démarré deux mois avant son décès, en décembre 2015. À 92 ans, malade, il s’émerveillait comme un enfant de voir son projet sortir de terre… Austin est considérée non seulement comme le manifeste des thèmes chers à l’artiste, mais aussi comme son oeuvre la plus aboutie. Icône du mouvement minimaliste du XXe siècle, grand admirateur de l’art et de l’architecture européens, Kelly a passé soixante-dix ans entre Paris, Boston et New York à explorer les limites de la couleur, de la forme et de la géométrie. La chapelle est un grand espace continu orné sur trois de ses façades de vitraux colorés qui jouent avec la lumière pour créer des oeuvres éphémères tout au long de la journée. À l’intérieur, quatorze panneaux noir et blanc en marbre habillent les murs. Un totem sculpté haut de 5,5 mètres occupe la place de l’autel. Tout de suite comparée à la chapelle du Rosaire de Matisse (1951), à Notre-Dame-du-Haut de Le Corbusier (1954) ou à la chapelle Rothko (1971), Austin s’en distingue par son échelle, sa cohérence avec la vision de son créateur et parce qu’elle arrive à la hauteur des plus grandes ambitions d’un artiste contemporain. Il faut souligner une autre différence de taille : contrairement à la chapelle Rothko (également au Texas), qui porte le poids du destin malheureux de ce dernier, Austin respire l’optimisme, la joie et la lumière. Ellsworth Kelly souhaitait qu’en visitant sa chapelle chacun puisse renouer avec sa paix intérieure en s’immergeant dans le mysticisme de l’art. Et ait envie de revenir, comme pour un pèlerinage, afin d’y découvrir, à chaque fois, quelque chose de nouveau.

2. 3. 1. 2. 4. 5. 6.1. L’entrée de la chapelle Austin avec sa porte en bois du Texas et ses vitraux en verre soufflé à la bouche en Italie et façonnés chez Franz Mayer à Munich.2. Le jeune Kelly devant une oeuvre expérimentant déjà la couleur 6. et la géométrie. 3. Une des façades de la chapelle. 4. Jeux kaléidoscopiques de lumière et de couleur à l’intérieur d’Austin. 5. La palette arc-en-ciel soigneusement sélectionnée par l’artiste. 6. Un dessin préliminaire, inspiration pour le projet.