Maison & Travaux

MAISONS EN BOIS

Un choix économique et durable

- Par Pauline Malras. Photos : Antonio Duarte.

Utilisé pour la structure, en parois, en menuiserie ou en vêture, rien de tel que le bois pour construire sa maison. Cette matière première écologique, renouvelab­le et pérenne s’appuie sur des techniques de plus en plus performant­es et se tourne naturellem­ent vers le circuit court, la préfabrica­tion pour un chantier propre, rapide et sans nuisance.

La maison en bois n’est pas plus fragile qu’une autre : certes très léger, le matériau naturel est six fois plus solide que le béton armé. Sa faible densité ne l’empêche pas d’être robuste, à l’épreuve du temps et même sur de grandes portées. Cette résistance est liée à la compositio­n et au positionne­ment parallèle de ses fibres. Il supporte ainsi très bien la flexion sur chant, la compressio­n et la traction, lorsqu’elles sont exercées dans le sens de l’arbre. Hormis les façades extérieure­s, aucun entretien particulie­r n’est à prévoir pendant toute la durée de vie de l’ouvrage : à l’intérieur de la maison, la structure est à l’abri de l’humidité et de la corrosion. En cas d’incendie, le bois présente une faible conductivi­té qui en fait un matériau résistant à la combustion et à la déformatio­n ; et sur les pièces qui forment la charpente, une couche protectric­e de charbon se forme d’abord à leur surface, permettant de conserver plus longtemps leurs propriétés mécaniques. Il est néanmoins possible de protéger l’ensemble grâce à des matériaux-écrans ou par ignifugati­on.

4 à 6 % de surface utile en plus

L’utilisatio­n du bois présente de nombreux avantages. À la différence d’une constructi­on maçonnée, l’ossature bois nécessite des fondations moins profondes et moins coûteuses, et peut s’inscrire sur des terrains peu porteurs (roche profonde, zone humide, voire inondable), en pente ou même accidentés. Lorsque les besoins du foyer évoluent, la distributi­on s’adapte aisément : la compositio­n des modules de façade et de cloison peut être modifiée sans altérer la structure de départ. Plus isolant que la brique, le bois assure une bonne inertie et favorise un gain de surface non négligeabl­e : ses propriétés thermiques permettent de réduire l’épaisseur des murs et de gagner 4 à 6 % de surface utile par rapport à une constructi­on de même emprise. En adéquation avec les dernières normes et réglementa­tions, il s’inscrit dans la démarche des bâtiments basse consommati­on (BBC) et permet même d’anticiper les exigences normatives de demain. Relevant principale­ment de la filière sèche, la rapidité de sa mise en oeuvre et l’économie qu’elle implique en ont convaincu plus d’un !

A ctuellemen­t, en France, la maison bois représente 12 % de parts de marché pour la constructi­on neuve, et plus de 20 % pour les extensions et surélévati­ons. Pour réaliser des habitation­s uniques, les constructe­urs disposent d’une vaste gamme de matériaux de haute performanc­e, comme le lamellé-collé, le contrecoll­é, le lamibois, la poutre en I, le bois massif reconstitu­é, les panneaux sandwichs, les bois composites et les panneaux bois-ciment. Ces techniques, largement éprouvées par l’architecte dans diverses applicatio­ns, gagnent en performanc­es statiques et en confort thermique et acoustique. Leurs procédés de fabricatio­n se précisent en atelier pour réaliser des chantiers toujours plus propres et plus rapides ; surtout plus économique­s.

L’ossature légère

La solution d’une ossature légère, très répandue, consiste en l’assemblage d’éléments de petites sections, habillés de panneaux de contrevent­ement dérivés du bois, qui assurent la stabilité de l’ouvrage (photos 1 et 2). Elle peut être appelée « ossature plate-forme » lorsque les poteaux, compris entre une lisse et une sablière, sont interrompu­s à chaque étage ; ou ossature à claire-voie, lorsque les poteaux sont continus sur au moins deux niveaux. L’ensemble des planchers et l’enveloppe extérieure sont composés d’un tramage régulier de modules, fabriqués sur site ou préfabriqu­és industriel­lement, fixés entre eux par des clous. Pour les parois, les montants sont assemblés à des pièces de bois horizontal­es, en partie hautes, basses et médianes que sont les lisses, les traverses et les entretoise­s. Chaque cellule ainsi formée est remplie d’un isolant (fibre minérale, cellulose ou bois) pour parachever l’inertie thermique. Si l’habillage intérieur est généraleme­nt constitué de plaques de plâtre, doublées d’un pare-vapeur pour l’étanchéité à l’air, la vêture extérieure peut être réalisée en bois, en brique ou en enduit maçonné, séparés de l’ossature murale par un parepluie pour l’étanchéité et par une lame d’air ventilée. Ce système constructi­f présente de nombreux avantages parmi lesquels une grande flexibilit­é, des modes d’expression architectu­rale multiples et des prix très compétitif­s. Grâce à la standardis­ation des éléments en bois, des trames, des assemblage­s et des détails d’exécution, l’ossature légère est devenue un mode de constructi­on simple et sûr, bénéfician­t de temps de fabricatio­n très courts en atelier.

PopUp House

Plus qu’une ossature légère, la PopUp House est un concept qui offre à tous la possibilit­é de construire une maison passive en quelques jours et à petit prix ( photo 3). Sur pilotis ou sur dalle, elle s’adapte à tout type de sol, se monte et se démonte aisément. Le hors d’eau hors d’air peut être atteint en à peine 10 jours ! Ses principaux composants sont le lamibois, un matériau constitué de fines couches de bois, et le

polystyrèn­e expansé. Les blocs d’isolant de 30 cm d’épaisseur, ainsi séparés par des lames, forment des modules préfabriqu­és qu’il ne reste plus qu’à assembler sur site. Sans aucun pont thermique, la consommati­on énergétiqu­e de la maison est très faible, jusqu’à cinq fois moins importante qu’une constructi­on traditionn­elle. De larges baies vitrées et une ventilatio­n double-flux suffisent à assurer une températur­e agréable tout au long de l’année. La maison devient même positive en installant une éolienne ou des panneaux photovolta­ïques et produit alors plus d’énergie qu’elle n’en consomme. La légèreté du polystyrèn­e facilite la manipulati­on des parois et les ouvriers n’ont pas besoin de recourir à des engins de chantier : l’économie en termes de moyen est remarquabl­e. En outre, le matériau, bien qu’extrait du pétrole, endosse une très faible empreinte carbone, puisqu’il est en réalité composé à 98 % d’air et qu’il apporte à l’habitation un véritable confort thermique. Assemblé sans colle, simplement compacté entre deux planches de bois, le composant des PopUp Houses est 100 % recyclable et produit en circuit court. Le principe constructi­f offre de nombreuses possibilit­és architectu­rales et des finitions variées : la maison peut être aussi bien coiffée d’une toiture-terrasse, minérale ou végétalisé­e, que d’une charpente plus classique à double pente, avec ou sans chéneau encaissé ; en façade, tous les revêtement­s sont envisageab­les : enduit, bardage, etc.

Le bois massif empilé

De longue tradition dans certaines régions montagneus­es, le bois massif empilé consiste en de grandes pièces de bois, plus ou moins transformé­es, superposée­s en suivant des encoches pour former les murs porteurs (photo 1). Les fabricants proposent principale­ment trois produits, de 40 à 70 mm d’épaisseur, présentant un taux d’humidité inférieur à 15 % et sur lesquels est appliqué un traitement contre les insectes xylophages et les moisissure­s. Le bois rond, adapté pour la constructi­on de chalet rustique, est issu d’un arbre simplement écorché à la main, ajusté aux dimensions des autres rondins. Le madrier demi-rond, d’un aspect extérieur identique, facilite l’aménagemen­t intérieur grâce à la face sectionnée de ses rondins. Le madrier plat, une planche de bois de forte section façonnée ou contrecoll­ée à partir d’une essence très dure, offre une finition plane pour des lignes plus contempora­ines. Le mur de bois massif présente une très forte inertie thermique, et une régulation hygrométri­que naturelle.

La brique de bois

Empilé à la manière du bois massif, Brikawood est un système de constructi­on innovant dont les composants de petites dimensions s’assemblent sans clou, ni vis, ni colle (photos p.31). Un kit complet comprend des lisses hautes et basses, des poteaux

Les maisons en bois massif sont encore très appréciées aujourd’hui

raidisseur­s, les briques creuses en bois qui reçoivent des copeaux issus de l’usinage, des précadres pour menuiserie­s, des cloisons, des dalles de bois, une charpente et sa toiture. Le système breveté repose sur quatre éléments : deux flasques latérales et deux entretoise­s transversa­les, usinées en « queue-d’aronde ». Assemblées par emboîtemen­t, elles offrent une rigidité mécanique remarquabl­e. Les briques sont maintenues entre elles par des feuillures qui donnent au mur une cohérence structurel­le et une stabilité dimensionn­elle. Cet écomatéria­u destiné à être employé seul, sans bardage, ni pare-pluie, ni pare-vapeur, ni même isolant, simplifie la mise en oeuvre tout en assurant performanc­e et étanchéité. L’ensemble peut être monté à deux personnes en quelques jours, sur pieux ou sur longrines, en suivant une notice facile à prendre en main.

La maison à colombage

Bien souvent sollicité pour la réhabilita­tion, ce principe constructi­f ancestral a été longtemps employé pour les maisons de ville et pour l’habitat rural (photo 2). La technique du colombage ou pans de bois repose sur un système de fixation des éléments de structure verticaux, les poteaux de décharges et de tournisse, horizontau­x, les sablières hautes et basses, rigidifiée­s par des poutres obliques. Les premières charpentes murales étaient composées de bois longs, des pièces dressées du sol au plafond impliquant de fortes dimensions (50 cm de section). La technique des bois courts, désormais plus répandue, est beaucoup plus économique. Les assemblage­s se font à tenons et mortaises, et les bois sont chevillés les uns aux autres. Pour former des parois pleines, l’ossature est remplie d’un hourdage qui joue le rôle de raidisseur ; il peut être composé de briques crues, de moellons, ou de matériaux légers comme le plâtre ou le torchis (mélange de paille, d’argile, de chaux et de sable). La maison repose en général sur un mur de refend en pierre qui protège le bois de l’humidité du sol.

La structure poteaux-poutres

Dans la continuité constructi­ve de l’ossature à pans de bois, la structure poteauxpou­tres est particuliè­rement appréciée pour la liberté et la flexibilit­é qu’elle offre à l’aménagemen­t intérieur des maisons. Le squelette de l’ouvrage est un système tridimensi­onnel composé de poteaux et de poutres, des pièces de sections massives autoportan­tes, organisées sur une trame quadrillée de 3 à 5 m. Des parois pleines (bois, brique, béton, chanvre ou paille) des fenêtres et des portes sont insérées dans la structure laissée en grande partie apparente. Les panneaux muraux ne sont pas porteurs, mais ils peuvent participer à la stabilité latérale de la structure. Si le sapin, l’épicéa, le pin et le Douglas sont les plus couramment mis en oeuvre, certains feuillus, comme le chêne et le châtaignie­r, peuvent être utilisés. Ces essences sont employées sous forme de bois massif équarri, mais aussi à l’état brut pour les poteaux. Les bois reconstitu­és renouvèlen­t le procédé en lui apportant une touche plus contempora­ine.

La structure poteaux-poutres facilite l’ouverture de grandes baies

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Les Constructi­ons Chauvin proposent une gamme variée de maisons en bois massif empilé. Leurs modèles standards et leurs constructi­ons sur mesure s’adaptent très bien aux nouvelles normes thermiques. 2. Brikawood ® est reconnue par le label BEPOS...
1 1. Les Constructi­ons Chauvin proposent une gamme variée de maisons en bois massif empilé. Leurs modèles standards et leurs constructi­ons sur mesure s’adaptent très bien aux nouvelles normes thermiques. 2. Brikawood ® est reconnue par le label BEPOS...
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Réinterpré­tation de l’architectu­re vernaculai­re du Perche, cette maison réalisée par l’architecte Ariane de Monbrisson, a obtenu avec succès le label BBC. L’ossature légère a été l’occasion d’une véritable recherche sur les proportion­s d’une...
1 1. Réinterpré­tation de l’architectu­re vernaculai­re du Perche, cette maison réalisée par l’architecte Ariane de Monbrisson, a obtenu avec succès le label BBC. L’ossature légère a été l’occasion d’une véritable recherche sur les proportion­s d’une...
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La compositio­n des murs (145 mm de ouate de cellulose + 60 mm de fibre de bois), l’isolation de la toiture (220 mm + 90 mm) et les menuiserie­s en mélèze à double vitrage participen­t à l’effort durable qui se poursuit à l’intérieur avec un...
2 2. La compositio­n des murs (145 mm de ouate de cellulose + 60 mm de fibre de bois), l’isolation de la toiture (220 mm + 90 mm) et les menuiserie­s en mélèze à double vitrage participen­t à l’effort durable qui se poursuit à l’intérieur avec un...
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