“Pen15” : voyage désopilant au coeur de l’adolescence
Année scolaire 2000/2001, Maya et Anna sont en cinquième et les meilleures amies du monde. Heureusement, car le monde n’est pas toujours tendre avec elles : bizarres et pas « à la mode », elles sont souvent la risée de leurs camarades, qui ignorent que Maya imite Jim Carrey comme personne et qu’Anna chante d’une voix d’or. Âge ingrat où ne comptent que les apparences. Comme dans toute bonne fiction ado qui se doit de mêler potacherie et délicatesse, il sera ici question de découverte de la masturbation et de quête d’identité, de conquête de sa propre singularité et d’exploration de la féminité – épisode hilarant où elles volent le string rose fluo d’une camarade et se sentent soudain sexy en diable, se déhanchant comme les Destiny’s Child dans les couloirs du collège. Tout cela serait déjà très bien, mais Pen15 se permet d’ajouter encore un petit tour d’écrou supplémentaire et bizarroïde à l’entreprise : les deux héroïnes sont interprétées par les deux créatrices de la série, Maya Erskine et Anna Konkle, toutes deux trentenaires nées en 1987. Rejouant ainsi leurs 13 ans dans une version fictionnelle d’elles-mêmes, elles s’en donnent à coeur joie. Plonger ainsi des corps adultes, affublés de signes extérieurs adolescents (bouches baguées, coiffures improbables et cropped tops nineties), dans un paysage teen (les autres adolescents de la série sont de vrais ados) a tout d’une idée de génie, et capte en passant quelque chose de très juste sur cette période de la vie : cette sensation largement partagée d’être un alien perdu dans un océan de « normalité ». Un régal. Clélia Cohen