Marie Claire

“Le Deauville intime de…” : des souvenirs plein la Manche

- Par Gilles Chenaille

Parfois intimidant tant la célébrité et l’argent y coulent à flots, le charme unique de Deauville justifie presque tous les excès, du casino au champ de courses et aux palaces. Chacun·e peut y trouver sa part de rêve – fûtelle intime et discrète – et ces jouissance­s qui font de beaux souvenirs. Le plaisir peut y être simple mais intense comme dans ce texte profond de l’essayiste et romancière Belinda Cannone, qui pose son regard singulier sur « la belle évidence maritime (…) le mouvement énorme de la Manche et la torpeur mélancoliq­ue de la plage, qui soudain oblige les gens à ralentir ». Ou bien excessif et dangereux, comme dans les pages signées par François Bott évoquant les joueur·euses, « tribu des visages pâles » qui le soir entrent pleins d’espoir ou sortent les poches vides du casino, « héros de la dernière chance », une des incarnatio­ns du romanesque de ce lieu, où « stars et pipelettes » nagent comme poissons dans le champagne. Ou bien encore le plaisir se révèle chanceux et brillant, comme avec Sagan – évoquée avec talent dans ce recueil par Frédérique Deghelt et Christine Orban – gagnant des millions à la roulette en y jouant sans relâche le 8 (qui sort plusieurs fois) et achetant avec ce gain, dès 8 h du matin, le manoir du Breuil à Équemauvil­le, à 15 kilomètres de là, qui devint son havre. Il y a les chevaux aussi – souvenirs personnels de Jérôme Garcin et Patrick Grainville –, et le festival du cinéma américain. Sans oublier le « chabadabad­am» accompagna­nt Trintignan­t quand il vient chercher Anouk Aimée au volant de sa Ford Mustang.

(*) Éd. Mercure de France, 15 €.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France