3 questions à…
Virginie Ferrara, psychanalyste et psychothérapeute*
Comment expliquer cette petite montée de blues à l’approche de la reprise ?
Rester au bureau jusqu’à la dernière minute pour boucler des dossiers, courir pour gérer l’organisation familiale, faire les bagages à la hâte… Tout cela nous met dans de mauvaises dispositions : on arrive en vacances complètement épuisée. À bout d’une semaine ou quinze jours, alors que l’on décompresse enfin, il est déjà l’heure de rentrer. Les pensées négatives et anxiogènes à propos de la reprise, le plus souvent trépidante, nous envahissent. On quitte le principe de plaisir pour celui de la réalité. Le changement de rythme entre détente et travail est brutal. Parfois, cela peut aussi réactiver des souvenirs d’enfance négatifs : une séparation avec nos parents, une entrée au collège difficile…
Qu’est-ce qui nous empêche d’aborder la rentrée sereinement ?
Tout ce qui donne une charge de travail en plus !
Les fournitures scolaires, les inscriptions aux activités extrascolaires, la recherche d’un logement pour son enfant étudiant, les courriers et factures arrivés en notre absence, la pression professionnelle qui reprend… Des incertitudes professionnelles, des soucis dans le couple ou des problèmes financiers peuvent aussi se greffer et amplifier le malaise. Le bénéfice des vacances passe alors bien vite à la trappe.
Cela peut-il prendre des proportions plus importantes chez certaines personnes ?
Oui, notamment pour celles qui souffrent d’anxiété, de dépression saisonnière ou qui étaient au bord du burn-out avant de partir. La rentrée est un élément déclencheur: elle précipite parfois des symptômes dépressifs déjà présents avant. Si trois semaines après la reprise, on est toujours dans un état d’esprit aussi sombre (associé à des troubles du sommeil, une irritabilité, une fatigue chronique…), il faut consulter. Cela signifie qu’il ne s’agit pas juste d’un blues post-vacances, mais bien d’un état anxieux installé, qui nécessite une prise en charge, sous peine de s’aggraver.
* Rens. sur virginieferrara.com.