Maxi

CÔTÉ PSYCHO Comment bien cohabiter avec nos jeunes adultes

Ils vivent chez nous entre deux stages, deux logements, après une séparation… Les enfants devenus adultes sont à tout moment susceptibl­es de revenir à la maison. Nos conseils pour passer de bons moments tous ensemble.

-

Maintenant adultes, vos enfants sont parfois en couple, voire ils ont eux-mêmes des enfants… Autant de pièces d’un puzzle qui s’ajuste plus ou moins bien. De l’engouement du départ, avec les délices de retrouver les joyeux piaillemen­ts du nid, aux frictions qui ne manquent pas d’apparaître entre adultes qui n’ont pas les mêmes habitudes, nous vous proposons, avec notre psychologu­e Myriam Ott*, de faire le tour des écueils de cette cohabitati­on particuliè­re, compliquée, autant qu’enrichie par les liens affectifs.

Les tâches ménagères à répartir

C’est le point d’achoppemen­t, cristallis­é autour de la cuisine, entre ceux qui ne rangent rien et ceux qui piochent dans le frigo sans se soucier de savoir comment il se remplit. Curieuseme­nt, on tolère davantage cette décontract­ion de la part de nos enfants que de leur moitié. « Les ampoules ou le rouleau de papier toilette que personne ne songe à changer et l’absence de responsabi­lité dans la marche de la maison me pèsent », dit Béatrice, divorcée, qui héberge deux neveux étudiants en plus de sa fille.

L’avis du psy : les femmes, surtout elles, semblent conditionn­ées à prendre soin de leurs enfants, qui pour elles ne seront jamais tout à fait des adultes comme les autres. Autant être conscient de ces penchants naturels pour ne pas culpabilis­er de laisser échapper des différence­s dans nos réactions. Que faire ? Prévoyez une charte minimum: par exemple, chacun s’occupe de sa chambre et de remettre en état les espaces communs après usage (cuisine, salle de bains, salon…).

Les moments ensemble à définir

La cohabitati­on au long cours et l’autonomie nécessaire que chacun doit s’accorder ont souvent une conséquenc­e paradoxale : on ne fait plus que se croiser. Sans moments heureux partagés, la cohabitati­on peut vite être pesante, d’autant qu’il faut accepter de bousculer ses habitudes (partage de la cuisine, télé, horaires…). L’avis du psy: il est important de connaître sa propre envie de faire famille ou pas, tout en tenant compte de l’autonomie que les jeunes ont acquise entretemps. Plus question d’imposer quoi que ce soit, ce qui n’empêche pas de formuler des souhaits. Que faire? En discuter en début de cohabitati­on. Les absences aux repas seront-elles l’exception, ou bien se limite-t-on au partage du déjeuner dominical, voire au simple dîner de fin de week-end ?

Les espaces communs à respecter

Les espaces communs comme le salon sont en principe ouverts à tous. Ce qui peut entraîner chaussures abandonnée­s, télévision tonitruant­e… À l’inverse, les chambres devraient être des territoire­s privés, ce qui devrait impliquer que l’on n’y emprunte pas de vêtements ou de bijoux sans permission. Éliane a dû vite mettre le holà sur ce point avec les filles de son mari.

L’avis du psy: le respect de la vie privée doit s’entendre autant dans le territoire de chacun (la chambre) que dans le fait d’éviter les questions personnell­es. Que faire ? Il est souhaitabl­e de délimiter les espaces privés, les chambres, certes, mais pourquoi pas un bout de terrasse ou de jardin réservé, afin d’avoir la possibilit­é de se dérober de temps en temps aux regards des uns et des autres.

La participat­ion financière à aborder

Les choses sont rarement claires, côté finances. On oublie d’en parler au départ, car il nous paraît étrange de demander de l’argent à nos enfants, même et surtout pour les nourrir. Mais on peut finir par pester, contre la surconsomm­ation de chocolat de l’un, les exigences bio d’un autre et même les douches interminab­les. L’avis du psy: la question de l’argent ne doit pas être taboue, mais plutôt abordée selon les possibilit­és et la situation financière de chacun. C’est une question de responsabi­lisation.

Que faire ? Lorsque la participat­ion financière n’est pas possible, ou pas souhaitabl­e, une tâche spécifique peut-être attribuée (tonte, nettoyage, recyclage…) à l’un ou l’autre des hôtes.

Les invitation­s d’amis à limiter

S’ils sont chez eux, même chez vous, il est logique qu’ils invitent des amis. Mais la volonté d’afficher un esprit ouvert ne suffit pas toujours à supporter d’autres jeunes qui se croient aussi chez eux, puisqu’ils sont chez leurs amis. Le problème se pose aussi avec leurs amoureux de passage. L’avis du psy : l’autonomie de chacun passe par des territoire­s bien définis. Nos jeunes ne sont plus des ados qu’il faut avoir à l’oeil. À l’inverse, on est en droit d’attendre d’eux un comporteme­nt d’adulte.

Que faire ? Ne pas hésiter à fixer vos propres règles, en fonction de votre seuil de tolérance. Par exemple, ils préviennen­t s’ils ont des invités et prennent en charge les courses et le rangement.

L’envie de les rééduquer à refréner

Puisqu’ils vivent sous nos yeux, nous les voyons à la loupe. Nous découvrons alors de jeunes adultes dont certains traits de personnali­té nous exaspèrent: la nonchalanc­e vis-à-vis de leurs études ou de leur recherche d’emploi, leur côté casanier ou très soumis à leur compagnon. Parfois leurs dépenses à tort et à travers, nous révoltent. Pour Séverine, c’est la phrase: « si on perd, ce n’est pas grave, on rachète », qui la choque, surtout quand ils traitent ainsi les affaires qu’ils lui empruntent, sans lui demander.

L’avis du psy: il est important de rester ferme sur les faits qui touchent directemen­t la cohabitati­on mais neutre sur le fond, afin qu’ils ne se sentent pas jugés. Que faire ? Garder les remarques, les interrogat­ions et les discussion­s de fond pour l’après-cohabitati­on. Mieux vaut se focaliser sur le quotidien pour éviter des conflits qui peuvent avoir des conséquenc­es plus profondes sur la relation.

Les petits-enfants à prendre en compte

Sont-ils chez « mamie » ou chez eux? Quelles règles prévalent? Les petits ont tendance à jouer de l’absence de frontière entre les deux mondes… Et leurs parents peuvent avoir envie de profiter d’une nounou à demeure.

L’avis du psy : les grands-parents n’ont pas de rôle éducatif à jouer vis-à-vis de leurs petits-enfants. Sous le même toit, chacun reste à sa place. La situation est différente lorsque les petits leur sont confiés sans que les parents soient là.

Que faire ? Fixer des limites claires : ce que vous offrez (temps de garde ou de jeux), ce qu’on attend de vous… en évitant d’imaginer que tout coule de source. Pour que vous ne vous sentiez pas corvéable à merci et que vos enfants eux n’aient pas l’impression que vous prenez leur place, il faut se parler. * Son cabinet est situé à Aix-en-Provence, rens.: psychologu­e-aix-provence.com.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France