Midi Olympique

Salut Henri !

- Jacques VERDIER

C’était notre Blondin de province. Henri Rozès partageait d’ailleurs, avec son ami Antoine, le goût de l’excès, des nuits sans lune, des apéros interminab­les, une mélancolie sans fond, une tendresse sans fin, le sens du calembour, une calligraph­ie admirable - ces textes, écrits à la main, avaient valeur de dessin -et une qualité de plume incomparab­le. Journalist­e à La Dépêche du

Midi, où il allait sans coup férir, de la critique littéraire aux simples faits divers, des arts et spectacles aux sports avec une prédilecti­on fortement marquée pour le rugby, il fut aussi, de longues années, chroniqueu­r au Midi

Olympique, où ses « Humeurs » n’étaient pas toutes vagabondes.

Jeune journalist­e, j’admirais le prosateur qui, je ne sais pourquoi, ne s’est jamais essayé au roman où sa sensibilit­é, pourtant, eut fait merveille. J’ai d’ailleurs gardé, au fond de quelque tiroir, certains de ses textes, où la poésie le disputait à l’humour, l’intelligen­ce aux opinions sans concession, comme il arrive que l’on fasse des livres qui comptent. Mais nous étions nombreux, dans ce groupe de presse, à aimer pareilleme­nt l’homme, abrupt, impertinen­t, vaguement anar, favorablem­ent déjanté, d’une incroyable modestie, capable

de comprendre sans jamais juger et d’une générosité sans faille. « Un homme de

bonne compagnie », écrivait un jour Pierre Coulaud à son endroit. C’est si peu dire. Henri était un grand frère pour beaucoup d’entre nous. Un frère qui s’en est allé jeudi dernier et dont on gardera, par devers nous, un souvenir enchanté. « Les mots,

les pauvres mots vont leur

petit chemin de larmes », écrivait-il un jour. On ne saurait mieux dire, mon cher, très cher Henri.

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