Un 4x4 des mers
En 2014, Alexandre Tollet, fort de sa formation d’architecte naval et de capitaine de la marine marchande, reprend le projet de quadrimaran lancé par son père dans les années 1990. L’idée est d’élaborer une carène qui conjuguerait les avantages aérodynamiques et ceux hydrodynamiques. Avec quatre associés, il développe la technologie Qu4Dri , une carène constituée de quatre coques en aluminium créant trois tunnels sous lesquels l’air vient s’engouffrer, créant un phénomène naturel de coussin d’air qui annule toute sensibilité au roulis et au tangage, assure un hydroplanage immédiat et sans cabrage et diminue par deux la consommation. D’abord développé sur une unité de 9 mètres, ce procédé vient d’être adapté sur un 10 mètres dont le premier modèle a été acheté par Croisière Exclusive.
Aménageable à la demande
Toute la partie chaudronnerie est réalisée en France par la firme Acco installée près de Nantes. Le T-10 bénéficie de cinq compartiments étanches et est aménageable à la demande. Il offre une surface habitable de 40 m2. Son pont plat assure une excellente circulation à bord, et sa grande stabilité un sentiment de sécurité. Propulsé en puissance maximale par deux hors-bord de 350 chevaux, il a atteint 43 noeuds en vitesse de pointe lors de nos essais. Outre son déjaugeage instantané à plat, ce bateau impressionne par son comportement, sain et vif. Il réagit comme un 4 x 4, fait preuve d’une grande maniabilité, vire très court et à plat avec une excellente accroche, et décélère en quelques secondes seulement. Quel que soit l’axe des vagues, son passage en mer est toujours remarquable, sans aucune retombée brutale ni tendance à planter une coque dans la vague, comme il peut arriver avec un catamaran. Il semble absorber toutes les imperfections du plan d’eau et supporte très bien le trim qu’il ne faut pas hésiter à monter pour accentuer le phénomène de coussin d’air. Et ce d’autant plus que ce premier modèle dispose de tunnels trop bas (d’après Alexandre Tollet, il leur manque 15 centimètres en hauteur), ce qui ne leur permet pas d’évacuer totalement les embruns accumulés entre les coques. À certaines allures, ces derniers ont donc tendance à ressortir par l’avant et à mouiller les passagers installés sur les sièges jockey. Ce phénomène devrait néanmoins être bientôt réglé. Côté consommation, Hervé Branchet déclare que celle du T-10, à raison de huit heures de navigation par jour, est d’environ 23 l/h par moteur, sachant que le bateau, armé en Nuc, ne doit pas dépasser 25 noeuds avec des passagers.