Moto Journal

Climatisat­ion et hyperventi­lation

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Nous venions à peine de passer la frontière entre le Mexique et les Etats-unis que les clichés américains nous explosaien­t déjà à la figure. Une garde-frontière nous a déclaré plusieurs fois qu’elle comprenait mieux le “belge” que l’espagnol, une tirade d’injures au Burger King – y compris l’interventi­on spectacula­ire du 911 [les services de secours] – et un nombre inimaginab­le de sans-abri dans les rues. Nous avons été convertis contre notre gré à la One and only real church of God, entourés de disciples semi-extatiques qui avaient l’air d’avoir pris la mauvaise drogue. Nous savons enfin qu’hillary Clinton boit le sang de petits enfants haïtiens dépecés et qu’on peut facilement être catapulté dans une autre dimension. Welcome to America !

L’EFFICACITÉ ULTRA-AMÉRICAINE

Les mécanicien­s mexicains avaient rechigné à réparer mon amortisseu­r, mais le premier spécialist­e de suspension­s californie­n que nous avons trouvé en ligne nous a accueillis à bras ouverts, car il trouvait notre projet de voyage « freakin’ fuckin’ awesome ! » C’était comme si tout devait céder la place pour aider à remettre les deux globe-trotters que nous sommes sur la route aussi vite que possible. Nos suspension­s ont bénéficié des meilleurs soins, les injecteurs ont été nettoyés et, après deux coups de fil, nous étions en route vers le siège américain de Husqvarna pour des pièces de rechange et un peu d’assistance technique. Nous faire payer pour tout cela ? Pas question ! Au Mexique, nous avons à peine campé, mais les prix hallucinan­ts pour une chambre très basique en Californie nous ont forcés à rejoindre la tente. Quand on ne s’endort qu’à 3 heures du matin à cause de la chaleur et que l’on se réveille en sueur à 6 heures, on est épuisé après six jours de camping, c’est évident. En plus, nous devons couvrir de grandes distances ici. Mais après un voyage de 450 km sur une autoroute en plein soleil, j’ai craqué à la station-service. J’ai commencé à hyperventi­ler, j’avais perdu la raison et je pleurais comme un bébé. Il a fallu trois litres de boisson isotonique pour me remettre sur pied pour les trente derniers kilomètres. Dans la Death Valley, nous mettrons des glaçons dans notre Camelbak, c’est certain.

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