Moto Revue

Le nouveau trois-cylindres devait en mettre plein les yeux. Ce sont les oreilles qui ont pris

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à être alimentée par une injection, de marque Sagem. « C’était la première injection moderne de l’époque, se souvient Yannick Lejaouen, technicien chez Triumph France. La T 595i pouvait passer toutes les normes antipollut­ion du moment et même les suivantes. » Le nouveau trois-cylindres, développé en collaborat­ion avec Lotus, devait en mettre plein les yeux. Ce sont les oreilles qui ont pris. Mais quelle gueule, quand même... Vingt ans après, cette Dayto ne ressemble à rien de contempora­in. Son moteur jouissif aurait mérité une partie-cycle mieux équilibrée, avec un peu plus de poids sur l’avant, beaucoup moins au centre (les 198 kg à sec annoncés par l’usine font bien marrer), un réservoir plus échancré à l’entrejambe. La maniabilit­é, c’est pas son truc. Au guidon, on se la joue plutôt Charles Vanel au volant de son camion dans Le Salaire de la peur. Si on fantasme souvent sur les moteurs de notre jeunesse, les partie-cycles ne font rêver que les plus doués en mauvaise foi. La progressio­n des sportives sur le plan de la maniabilit­é et en même temps de la stabilité apparaît au grand jour quand on descend de la T595i.

« Je n’en croyais pas mes vieux réflexes ! »

Ça me rappelle des mots de l’ex-pilote de GP Christian Sarron cet été, qui n’avait pas essayé de Yamaha R1 depuis plusieurs années : « J’ai roulé avec la dernière R1 à Silverston­e lors d’un meeting, je n’en croyais pas mes vieux réflexes ! Elle se place à l’instinct, elle ne bouge pas à l’accélérati­on, pas plus à 300, elle vole au-dessus des pif-paf… » Amuse-toi à faire la même chose avec la Triumph, ça te servira d’aide-mémoire. Et je ne te parle pas de la position de conduite, bien plantée sur les poignets. Du coup, plus encore qu’avant, on joue du violoncell­e avec le trois-pattes. L’été, faudrait pouvoir rouler en short tellement le moulin dégage ses calories, à en faire pâlir d’envie une palette de Weight Watchers. La T 595i a ensuite été remplacée en 2001 par une nouvelle 955i, plus puissante (nouveau vilebrequi­n, nouveaux pistons), à peine plus légère, surtout moins excitante. En 2005, terminé, les grosses cylindrées, la Daytona 675 a pris le contre-pied de ses aînées. Légère (190 kg tous pleins faits !), hyper équilibrée. Mais la mode était passée aux roadsters, et c’est la Street Triple 675, émanation de la sportive, qui a brillé sous les feux de la rampe. Aujourd’hui, Triumph a arrêté de produire des sportives. Le troiscylin­dres pétillant ira dans toutefois en Grands Prix, pour équiper les Moto2 en 2019. ■

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