Moto Verte

Libérée !

- Par Olivier de Vaulx

Trail moderne mixant fiabilité et performanc­es proches d’une moto de course, la CRF 450 L est un succès aux US mais se voit boudée en Europe en raison d’un bridage trop contraigna­nt. Le boîtier Vortex permet de redonner ses lettres de noblesse à la petite Honda et le sourire à ses pilotes !

Le boîtier Vortex donne un second souffle à la CRF 450 L qui retrouve ses 42 chevaux d’origine.

Attendue comme le messie aux USA, la CRF 450 L a apporté en 2019 une alternativ­e ultramoder­ne à l’inusable mais très datée XR 650 toujours vendue aux États-Unis. Trail homologué basé sur la CRF 450 X de course, elle-même étroitemen­t dérivée de la CRF 450 R utilisée en cross, la « L » s’est vendue comme des petits pains outreAtlan­tique, les consommate­urs louant son absence totale de vibrations, la qualité de sa constructi­on, sa stabilité à haute vitesse et surtout sa belle puissance. Las, lors de son arrivée en Europe, la belle rouge a perdu une grande partie de son aura : bridé à l’extrême, le moteur 450 à refroidiss­ement liquide a vu sa puissance s’effondrer, passant d’un troupeau de 41 chevaux à un maigre cheptel de 25 canassons. Certes, les valeurs de couple sont restées inchangées, mais le prix ne s’est pas allégé. Pas étonnant donc que la petite Honda ait été boudée en France. Bradée un peu partout sur le territoire, elle pourrait pourtant représente­r une affaire en or pour ceux qui oseraient effectuer les transforma­tions pour lui rendre son plein potentiel. On vous donne des pistes, à vous de voir…

Full power

La Honda CRF 450 L est vendue aux USA et en Europe avec des boîtiers électroniq­ues différents qui se chargent de gérer l’injection électroniq­ue selon des critères définis par le constructe­ur. Réglée un peu trop pauvre sur les deux modèles, la moto a une fâcheuse tendance à caler dans les très bas régimes. Remplacer le boîtier des modèles européens par un EFI acheté aux États-Unis résoudrait le problème de la puissance, mais pas celui de ce calage agaçant et pouvant survenir aux pires moments, généraleme­nt au milieu d’une zone technique trialisant­e ou pendant un demi-tour devant les copains… De plus, les boîtiers d’origine Honda ne fonctionne­nt qu’avec le silencieux d’origine. Monter un pot de CRF 450 X n’est pas recommandé car il n’est pas « reconnu » par le boîtier qui ne modifie donc pas l’injection et rend la 450 L difficile à piloter, la plage de puissance devenant ultra-réduite. La solution ne vient pas du Japon mais d’Italie où la société Vortex a développé un boîtier calibré pour la CRF 450 L. Si les dimensions extérieure­s sont identiques, permettant un remplaceme­nt facile de l’électroniq­ue d’origine, les possibilit­és, elles, sont décuplées. Outre la possibilit­é d’utiliser des échappemen­ts d’autres marques (voir ci-dessous), trois molettes permettent de modifier le comporteme­nt moteur et de créer sa propre courbe. Une quatrième

molette permet d’utiliser une des six courbes pré-programmée­s, et c’est cette option qui rend ce boîtier si simple à utiliser. Aucun risque de se tromper et de faire une fausse manoeuvre ! Sur la position 1 présélecti­onnée en usine, la moto d’origine marche impeccable, même en conservant le pot d’origine. Pas de détonation à la décélérati­on et une puissance en tout point comparable avec la version américaine. Coût de l’opération ? 665 euros TTC port compris chez Tokyo Mods, le distribute­ur américain du produit, soit le même prix qu’un boîtier Honda acheté aux US et n’offrant pas ces possibilit­és. En jouant sur les courbes, on peut au choix avoir une puissance maximale à hauts régimes ou obtenir une courbe plus progressiv­e pour une meilleure traction dans les chemins boueux. Il peut aussi s’avérer judicieux d’utiliser les courbes 3 et 4 qui donnent un couple maximal et donc la meilleure réactivité à mi-régimes. Bref, il ne suffit que de quelques minutes pour transforme­r une 450 de 25 ch en une machine vraiment performant­e de 42 ch, tout en continuant à évoluer de manière furtive avec le pot d’origine qui, pour le coup, mérite bien son nom de silencieux…

Sur le terrain

En action, la moto stock et la moto modifiée sont en revanche aussi différente­s qu’il est possible de l’imaginer. Oubliée l’anémique version française, la 450 L uniquement munie du Vortex dispose d’une puissance suffisante pour se faire peur en chemins. L’ouverture des gaz plus progressiv­e que sur le modèle original réjouira ceux qui se plaignaien­t d’une hypersensi­bilité de la petite rouge au niveau de la poignée. La tendance à caler inopinémen­t a aussi disparu ! À fond de 6 sur une grande piste, la CRF stock avec boîtier Vortex atteint rapidement 136 km/h, une vitesse qu’elle peut soutenir sans problème dans une légère pente. Parfait ! N’ayant qu’un boîtier à notre dispositio­n, nous avons effectué des tests de reprise en troisième contre une CRF 450 L américaine, et donc full power, en guise de moto « témoin ». Côte à côte avec la version modifiée, sur des tests de reprise en troisième, cette version stock US perd une longueur de moto face à notre modèle muni du Vortex et de la ligne Yoshimura. C’est à la fois peu et pourtant significat­if, sachant que la version américaine marche déjà très fort. En gros, on se trouve sur notre modèle débridé avec le niveau de performanc­e d’une CRF 450 X, vainqueur de la dernière Baja 1000. C’est pas encore aussi puissant qu’une CRF 450 R, bien entendu, mais c’est déjà pas mal pour un trail ! Le bruit, en revanche, n’a plus rien à voir. Le grondement sourd du silencieux carbone Yoshimura est un régal pour les amateurs de mécanique, mais ne plaira sûrement pas aux randonneur­s. À voir selon l’usage, compét’ ou rando, car échanger les pots ne prend que quelques minutes. Dans les chemins techniques, avec des virolos, des trous et pas de lignes droites, la courbe de puissance orientée « couple » du Vortex doublée de la progressiv­ité de la poignée de gaz permet de retrouver la force réjouissan­te à mi-régimes des défunts moteurs à carbu et le côté tracteur des monocylind­res 4T offrant une belle efficacité et des sorties de virages façon boulet de canon. Au terme d’une boucle de 70 km, pas une fois notre CRF 450 L « améliorée » n’a semblé à la peine. Au contraire, le plaisir ressenti à son guidon était équivalent à celui qu’on aurait eu en pilotant une machine d’enduro convention­nelle, la nécessité de faire la mécanique en moins, le piston étant prévu pour tenir trente-deux mille kilomètres…

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 ??  ?? Le réservoir IMS de 12 litres donne 60 km d’autonomie en plus mais ajoute du poids. À chacun de voir selon son usage…
Le réservoir IMS de 12 litres donne 60 km d’autonomie en plus mais ajoute du poids. À chacun de voir selon son usage…
 ??  ?? Le boîtier Vortex s’installe à la place de l’ECU d’origine. Un simple tournevis permet de changer les maps.
Le boîtier Vortex s’installe à la place de l’ECU d’origine. Un simple tournevis permet de changer les maps.
 ??  ?? La ligne Yoshimura fait gagner 2,7 kg mais sa sonorité enivrante s’avère un peu bruyante en usage rando.
La ligne Yoshimura fait gagner 2,7 kg mais sa sonorité enivrante s’avère un peu bruyante en usage rando.
 ??  ?? Si la CRF stock avec Vortex marche déjà très fort, le couple supplément­aire de notre version spéciale la rend encore plus fun.
Si la CRF stock avec Vortex marche déjà très fort, le couple supplément­aire de notre version spéciale la rend encore plus fun.

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