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Mana Neyestani, ça et là/arte Éditions, Bussy-saint-georges/issy-les-moulineaux, 2017, 164 p.
Entre juillet 2000 et juillet 2001, une sombre histoire de meurtres en série inquiète la presse et la société de Mashhad, ville sainte du chiisme située dans le nord-est de l’iran et notamment connue pour son pèlerinage. En effet, durant ces douze mois, des femmes sont découvertes mortes, étranglées. Seize au total. Toutes sont des prostituées vivant dans des conditions sociales et sanitaires des plus précaires. En juillet 2001, un homme simple, mais honnête, religieux, ancien combattant de la guerre Iran-irak (1980-1988), est arrêté ; Saïd Hanaï reconnaît les faits, argumentant que Dieu guidait sa main contre ces personnes impies. Mana Neyestani, dessinateur de presse iranien en exil en France, s’approprie cette histoire pour offrir une excellente bande dessinée. Il s’inspire en réalité d’un documentaire (And along came a spider, de Maziar Bahari) qui retrace l’enquête d’une journaliste, Roya Karimi, sur le tueur en série. L’ouvrage montre avec intelligence les nuances d'une véritable enquête policière tournée dans la ville la plus religieuse du pays – mais où la prostitution est connue –, avec un coupable emprisonné, mais presque soutenu par l’« idéal » religieux de certains. Un livre bien construit, avec différentes perspectives, selon le personnage présenté. Ainsi, en plus d’avoir lu un bon polar, on en ressort meilleur connaisseur des contradictions de la société iranienne. À lire.