Objectif Cap Nord
Passer de la voile au trawler est un grand classique à l’heure de la retraite. Vouloir naviguer au-delà du cercle polaire l’est un peu moins… Visite à bord d’un Nordhavn 46 fraîchement remonté de Méditerranée par son nouveau propriétaire pour s’attaquer a
Certains programmes de navigation présentent l’avantage de faciliter le choix du bateau le plus adapté pour mener à bien son projet. Vouloir monter jusqu’au Cap Nord impose ainsi de disposer d’un modèle paré aux conditions extrêmes et offrant une très grande autonomie. Après plus de quarante années passées à naviguer à la voile en Manche, Jean
puisse acheter » confie Hugues. Conquis par la qualité de construction exceptionnelle des Nordhavn depuis la visite d’un modèle lors d’un salon de Miami, il aiguille les recherches de son complice vers les occasions disponibles en Europe.
Envisager de longues destinations
Celles-ci ne sont pas légion mais un Nordhavn 46 abritant deux grandes cabines est repéré à Palma de Majorque. « J’avais aussi regardé du côté des bateaux hollandais » précise Jean- Jacques, en nous accueillant à bord, au u ponton visiteurs du port de Carteret, en face des Anglo-Normandes. « Mais leur autonomie t i li- li
l Longueur hors-tout 13,94 m l Longueur de flottaison 11,68 m l Largeur 4,70 m l Tirant d’eau 1,65 m l Déplacement 27 tonnes l Capacité carburant 4 x 950 l l Capacité eau
1 060 l l Motorisation John Deere Lugger L668D (130 ch) l Moteur auxiliaire Yanmar 3GM (27 ch) l Matériau coque résine vinylester et mousse divynicell négligeable, et des soucis potentiels en moins. « Trois climatisations, cela se traduit par six passecoques qui ont été rebouchés pour éviter les ennuis. » Exit également le dessalinisateur, qui prenait lui aussi une place importante dans la salle des machines. « Avec un réservoir de 1 200 litres, il y a de quoi voir venir » , précise Jean-Jacques, qui, en marin expérimenté, connaît l’importance de ne pas gaspiller l’eau à bord. « De toute façon, trouver de la flotte ne pose pas de problème dans les endroits où nous irons. » En revanche, pour envisager de longues expéditions, il était indispensable d’être autonome en énergie.
Limiter la consommation
Six panneaux solaires développant une puissance totale de 600 Watts ont ainsi été installés sur la timonerie pour charger une batterie de servitude spécifique. Le groupe
électrogène d’origine a été conservé, mais ne sera sollicité que rarement. « Ma conception du mouillage est associée au calme. Ce n’est pas pour y faire tourner un groupe constamment. » Dans le but de limiter la consommation du bord, les plaques électriques ont été remplacées par une cuisinière à cardan dotée de quatre brûleurs à gaz. Jean-Jacques et Hugues ont hésité à installer la bouteille sur le toit, à la façon des chalutiers, mais celle-ci prendra finalement place dans un bidon pressurisé sous une banquette du carré. Le compacteur a enfin été échangé contre une poubelle classique.
Une timonerie pleine de charme
Si la climatisation a disparu, le chauffage a en revanche fait son apparition à bord, avec trois radiateurs dans le carré arrière, un dans la cabine principale, un dans la cabine avant ainsi qu’un sèche-serviette dans les deux salles de bain. Un aérotherme a également été installé au niveau du poste de barre afin de désembuer le parebrise. Outre le carré et sa vue sur les alentours, la timonerie est un autre élément qui a particulièrement séduit Jean-Jacques. Avec ses airs de passerelle de marine marchande, elle invite à elle seule à partir au long cours. Dotée de deux portes latérales menant au pont portugais et entièrement habillée de teck, elle incarne à merveille l’esprit Nordhavn. On y trouve une banquette et une table, ainsi qu’une très ingénieuse couchette double coulissante, idéale lors des longues navigations. Côté instrumentation, on retiendra
qui affiche 4 400 heures au compteur. « C’est un moteur conçu pour tourner à 1 600 tr/mn en croisière économique, en naviguant à 7,5 noeuds de moyenne et en consommant 10 l/h. » De quoi parcourir plus de 2 500 milles sans passer à la pompe avec ses quatre réservoirs de 950 litres…
Stabilisateurs dynamiques
Révisé lors de la mise au sec du bateau à Carteret par le chantier naval Candoni – à qui a été confié le décapage des oeuvres vives – le moteur tourne comme une horloge. « Nous avons simplement amélioré la ventilation de la cale moteur, explique Hugues. Une gaine apporte de l’air frais tandis qu’un ventilateur fait ressortir l’air chaud. » Un bon moyen d’oxygéner le moteur pour réguler sa température et limiter sa dilatation. Précision importante, l’échappement sort en tête de mât, de quoi éviter les reflux désagréables en naviguant vent arrière… La cale,
3GM de 27 chevaux est « capable de pousser cette coque de 2 27 tonnes à 4,5 noeuds si c’est nécessaire ». Gardant à l’esprit que le feu restait le principal danger à bord d’un bateau, Hugues a aussi conseillé à Jean-Jacques de faire installer un système anti-incendie. Une tirette située dans la passerelle permet ainsi de déclencher du CO2 dans la salle des machines en cas de sinistre. Une autre modification est à aller chercher sous la coque. Communément associés aux tangons stabilisateurs qui renforcent leur allure de chalutier, les Nordhavn, bateaux particulièrement rouleurs, peuvent être équipés de stabilisateurs dynamiques. Ce modèle en étant doté, des lames sur mesure ont été posées afin de protéger les ailerons.
Prêt pour le grand large
« Bien évidemment, tout cela a un coût, sourit Jean-Jacques, mais il s’agissait d’une bonne occasion, bien entretenue, ce qui m’a permis de réaliser l’ensemble des travaux. »