Une bibliothérapie pour soigner tous les mots
Des véritables librairies anciennes, ça ne court pas les rues. Sauf dans la cité des Potiers où Christine Giordano tient une échoppe remplie d’ouvrages anciens
Sur l’avenue Clemenceau, le regard s’arrête sur cette devanture toujours éclairée par une lumière tamisée. Un vers d’Oscar Wilde, écrit au marqueur blanc sur la vitre, interpelle : « Je résiste à tout sauf à la tentation. » C’est précisément la tentation qui nous gagne d’entrer chez Oscar, George et moi, petite bouquinerie à l’ancienne qui contraste tellement avec les grandes enseignes de la librairie. Christine Giordano, Vallaurienne depuis 1995, a choisi la cité des Potiers pour y transmettre sa passion pour la littérature, plus particulièrement pour les écrivains Oscar Wilde ou George Sand: « Cela fait presque deux ans que j’ai ouvert par pure passion cette librairie de livres d’occasion à petits prix. Tout a commencé lorsque j’ai racheté le stock d’un bouquiniste. Mon plus vieux livre date de 1792, écrit en vieux françois. » Ici rien de neuf, sauf les belles cartes postales qui, pour Christine Giordano, « restent une démarche attachante et redonnent l’envie d’écrire. »
Découvrir le livre adapté au lecteur
Oscar, George et… Christine ont un atout majeur : celui de parler avec le client et de lui trouver le livre ou l’auteur qui lui convient le plus. « J’appelle ça de la bibliothérapie. Nombre de gens retrouvent le plaisir de lire après des dizaines d’années sans avoir ouvert un livre depuis l’école. Les grands classiques sont toujours autant prisés. » Mais le livre est plus qu’une oeuvre littéraire, c’est aussi un objet d’art. Reliures anciennes, papier, couvertures : certains clients recherchent aussi la beauté de l’objet, l’odeur et le toucher.
Le plaisir de lire et d’écrire pour tous
Et si Christine Giordano, littéraire dans l’âme, est une passionnée de Stefan Zweig et de Joseph Kessel, connu pour être l’auteur du Chant des Partisans, elle arrive même à transmettre sa passion à ceux qui n’ont pas l’écriture facile : «Cela m’est arrivé d’écrire pour une cliente illettrée qui voulait envoyer une carte de voeux à son mari. Elle était tellement émue et contente qu’elle est revenue par la suite, c’était vraiment une belle expérience », sourit Christine Giordano, derrière sa pile de livres qu’elle n’a pas encore lus.