Troisième confinement :ce qu’en pensent les experts
Il plane comme une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes. Le couvre-feu national a un impact, pour l’instant encore insuffisant. Et si on procédait seulement à un isolement des personnes à risque ?
Mercredi, les députés ont voté pour prolonger l’état d’urgence sanitaire en France jusqu’au 1er juin 2021. Le gouvernement a donc les mains libres pour imposer les restrictions qui lui semblent appropriées pour lutter contre l’épidémie de Covid-19. Parmi les « armes » dont il dispose, il y a la plus forte de toutes, celle que les autorités souhaitent éviter à tout prix car trop dure, ou qu’ils croient trop impopulaire : le reconfinement général.
Inévitable face aux variants
Détectés d’abord au Royaume-Uni, ou encore en Afrique du Sud, les nouveaux variants de la Covid-19, plus contagieux, inquiètent le corps médical, les scientifiques et les autorités. « La situation est inquiétante », « on n’a pas réussi à faire baisser le nombre de cas et on voit que ça a même tendance à remonter », a indiqué, hier matin,
Ne confiner que les personnes à risque. Une proposition rappelée, hier matin, par l’infectiologue Odile Launay. (Doc BFMTV)
Odile Launay, infectiologue et membre du comité vaccin Covid19 sur BFMTV/RMC, qui s’alarme en particulier de « l’apparition des nouveaux variants ».
« Si, malgré le couvre-feu, on continue à avoir une augmentation du nombre de cas et d’hospitalisations, très probablement, on va être obligé de repasser par le confinement », at-elle jugé.
« Si on ne fait rien, si on ne prend pas très rapidement des décisions, on aura une extension du variant anglais » en France, s’est inquiété, pour sa part, le professeur JeanFrançois Delfraissy, qui préside le Conseil scientifique, hier, sur franceinfo. Selon lui, « la question n’est pas de le bloquer, mais de le ralentir », alors qu’il est certain d’aller vers « une extension du variant anglais ». (lire par ailleurs) Un renforcement des restrictions qui semble inévitable à court terme, comme l’a appris BFMTV auprès d’un responsable gouvernemental important. Si l’on semble vouloir donner sa chance au couvre-feu de porter ses fruits, il sera malgré tout « difficile » d’échapper à un reconfinement général in fine, selon cette source. Hier, sur franceinfo Renaud Piarroux, chercheur en épidémiologie à l’institut Pierre Louis et chef de service à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière estime qu’ « on n’échappera pas à un reconfinement ».
Le médecin demande même au gouvernement que celui-ci soit décrété le plus rapidement possible. Un reconfinement qu’il souhaite « plus efficace, plus court », « quelque chose qui ressemblerait au mois de mars et avril », car il estime que si la décision n’était pas prise dans ce sens, cela entraînerait un confinement dont la durée se compterait « en mois ».
Un confinement différent
Si un confinement devait être mis en place, il pourrait toutefois prendre une forme diff érente des deux premiers. « On peut se poser la question de savoir si ce confinement, dans la mesure où les vaccins arrivent [...], ne pourrait pas être proposé – et d’ailleurs le conseil scientifique l’a proposé – aux gens les plus à risque ? », suggère Odile Launay, infectiologue à l’hôpital Cochin. « Ce sont eux qui vont être très vite vaccinés, qui sont le plus à risque d’être hospitalisés, de faire des formes graves », poursuit-elle. « Ça permettrait de maintenir une certaine vie économique et en particulier pour nos plus jeunes d’envisager de reprendre une vie, de reprendre la fac », plaide-t-elle, mettant en avant la souffrance de certains jeunes.
Ce serait pour « une période relativement courte », « peut-être de deux à trois mois », a avancé Odile Launay, estimant qu’il serait possible d’« organiser une société qui leur permette une vie, de pouvoir aller faire leurs courses peut-être à des heures différentes ». « C’est une solution qu’on devrait vraiment envisager de façon sérieuse », a-t-elle insisté.
OLIVIER SCLAVO osclavo@nicematin.fr
(Photo Dylan Meiffret) confronté à des problèmes économiques. Et il faut revoir toute la programmation. » Difficile, dans ces conditions, de programmer des têtes d’affiche internationales... même pas sûres de pouvoir voyager.
Et si la solution se trouvait sous nos yeux ? Faute de stars américaines, pourquoi ne pas puiser dans le foisonnant vivier local ? Stéphane Brunello approuve. « C’est peut-être l’année pour donner leur chance aux artistes locaux. Et redonner le goût de la curiosité au public azuréen.
Des spectacles numériques faute de public ? L’idée n’enthousiasme guère Karine Soucheire, danseuse-chorégraphe. « Jouer devant une salle vide avec trois caméras, c’est mieux que rien. Mais ce n’est pas du spectacle vivant ; c’est du spectacle virtuel. » Stéphane Brunello n’est pas plus chaud. « Le numérique, ce n’est rentable que pour une grosse tête d’affiche. Ce n’est pas viable économiquement. Mais on ne peut pas le négliger. C’est juste un plus. »
On cite le cas M. Pokora, qui a « réuni » 60 000 internautes pour son show à la Seine musicale. Une exception. N’empêche. Chez Panda Events, organisateurs de festivals, Cyril Foucault confirme que le numérique suscite « plein de réflexions ». Idem pour Medi. L’accord conclu entre Facebook et Sacem pour rétribuer les artistes en streaming ? « Une bonne idée. »
Le vaccin contribuera-t-il à remettre le spectacle vivant sur pied ? Tous l’espèrent. Ils songent aussi au concerttest qui a été organisé à Barcelone, sans cluster à la clé. Deux concerts vont suivre ce modèle en février, à Paris et Marseille. L’entreprise Dushow y participera, précise Christian Lorenzi : «Il faut quand même regarder ça avec espoir ».
CHRISTOPHE CIRONE
ccirone@nicematin.fr