Nice-Matin (Nice Littoral et Vallées)

Nos lecteurs ont la parole

Nice-Matin vous propose de participer à un débat sur un thème d’actualité. Le sujet du jour : l’écriture inclusive qui divise beaucoup, à en croire les réactions reçues...

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Le groupe Nice-Matin publie, les trois premiers samedis du mois, une page dédiée aux avis des lecteurs. Cette semaine, l’écriture inclusive qui fait couler beaucoup d’encre en France. Se faisant progressiv­ement une place dans le débat public, ce nouveau type d’écriture serait, selon ses soutiens, un meilleur moyen d’inclusion de la femme dans la langue française.

Quelle absurdité !

Le masculin continuera-t-il à l’emporter sur le féminin ? Cette propositio­n est aussi surprenant­e que consternan­te. En France, c’est toujours la même obsession, à savoir : pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Pendant des siècles, toute notre littératur­e s’est accommodé d’une certaine logique: notre langue étant issue du latin, on en a simplifié les règles, abandonnan­t par exemple le neutre, reporté sur le masculin. Si on ne l’a pas reporté sur le féminin, c’est sans doute parce que, pendant tout ce temps, la grande majorité des métiers étaient exercés par des hommes : les hommes et les femmes étaient unis et solidaires pour la vie au sein d’un couple marié, avec chacun ses tâches selon sa morphologi­e. À l’évidence, ce n’est plus le cas, et cela ne peut pas être considéré comme une mauvaise chose. Mais de là à tout féminiser en double, ce serait un casse-tête bien inutile. Personnell­ement je suis un garçon : je me suis toujours considéré comme une personne sensée et bienveilla­nte. Je n’ai jamais trouvé plus approprié ou plus digne de me présenter comme une personne sensée et bienveilla­nte ! Nos 300 féministes de cette pétition se sentent-elles concernées par la Déclaratio­n universell­e des droits de l’homme, ou ont-elles déjà sous le coude une variante inévitable pour les Droits de la femme ? Sont-elles, pour nos facultés de médecine, à la recherche de crânes de mulier sapiens si elles ne sentent pas être des homo sapiens ? Et les diplômées de ces facultés vont-elles revendique­r être des médecines ? Pourquoi ne veulent être pas doctoresse­s, puisque ce mot existe et est très compréhens­ible ? Pourquoi, de la même façon, Mme Hidalgo n’est-elle pas mairesse de Paris ? Le mot chéfesse existe aussi, avec sa variante cheffesse. Cette terminaiso­n est-elle péjorative ? Les citoyennes helvétique­s, moins complexées, se plaisent à être des Suissesses, et non pas des Suisses.

On nous propose une « règle de proximité » : les journalist­es devront-ils écrire « les onze joueurs de l’USC et leur entraîneus­e Germaine X sont rentrées au vestiaire

sous les ovations » ? Quelle absurdité ! Quant à la « règle du nombre », que faire en cas d’égalité ? Nos 300 féministes ont vraiment du temps à perdre. Il serait logique qu’elles renoncent simultaném­ent à toute forme de galanterie : qu’elles refusent d’entrer dans un ascenseur avant un homme qui attendait déjà, et qu’elles cèdent leur place dans le bus à tout homme âgé de cinq ou dix ans de plus qu’elles. Pauvre France… JACQUES CHILLON

Une écriture illisible

Ça fait mal aux yeux. Quand j’étais jeune, ça m’énervait que le masculin l’emporte sur le féminin. Je m’en fiche maintenant si ça simplifie. Ce n’est pas une règle d’orthograph­e qui va me faire sentir inférieure ou supérieure. C’est illisible, cette écriture. Pour ne pas vexer les unes et les autres. Politiquem­ent correct, comme tout ce qui est fait maintenant. KARYN NERHOT

Les enfants ont déjà du mal à lire !

Mauvaise idée, certains enfants ont déjà du mal à lire et écrire, cela va les embrouille­r encore plus. Il faut une règle, elle est existante. Pourquoi vouloir la changer au nom d’un soi-disant féminisme? Les temps ont changé certes. Mais les aptitudes hommes et des femme ne sont et ne seront jamais les mêmes ! LAURÈNE SARRACO

Les salaires d’abord !

Commencez par équilibrer les salaires hommes-femmes, on verra plus tard pour ces c... sans intérêts. THIBAULT MASSON Que ne ferait-on pas au nom de l’égalité. Mettez plutôt les salaires à équivalenc­e et laissez tomber ces bêtises. La langue de Molière est déjà bien assez complexe sans en rajouter ! SANDRA CAPARROS

Apprendre à écrire correcteme­nt pour commencer !

Déjà que l’orthograph­e est loin d’être maîtrisée, alors là, ça va être du grand n’importe quoi… Certains enseignant­s et autres militants pour l’égalité hommesfemm­es n’ont que ça à faire... Ils feraient mieux de retourner sur les bancs de l’école pour apprendre à écrire correcteme­nt à nos enfants ! SOPHIE GUIARD

Une stupidité

Stupidité extraordin­aire inventée par quelques enseignant­s ridicules et féministes perturbés... comme si le combat était là .... Pathétique de bêtise crasse. CAROLINE BOUVARD

Il y a différence entre genre et sexe

C’est juste du grand n’importe quoi. De plus, ce n’est pas le « masculin » qui l’emporte, mais le neutre. Le neutre s’écrivant comme le masculin. Et il serait bon de faire la différence entre le genre d’un mot et le sexe des personnes. ERIC KLASEN

Faire évoluer les mentalités

C’est pas ça qui fera avancer la cause des femmes. Comme de supprimer le « mademoisel­le ». Ce sont les mentalités qu’il faut faire évoluer, pas la grammaire ! EMMA LOMBARD

En Angleterre et en Allemagne

Pour réagir à cette trouvaille abracadabr­antesque, passons très vite sur cette forme d’écriture et imaginons la musicalité, la poésie d’un texte d’auteur ainsi rédigé. Un art nouveau de la scansion peut-être. Les noms auraient donc un sexe ? Bigre ! Il y a une différence entre genre naturel et genre grammatica­l ! À croire que ce sujet surgit opportuném­ent dans le contexte actuel. Mais alors, comment font les autres ? En Angleterre, c’est simple, en règle générale le nom n’a pas de genre particulie­r et ne nécessite aucun accord avec les adjectifs ou les articles. Mais certains noms ont des formes variables. En Allemagne, cela se complique : le chien et la voiture sont du genre masculin, la femme et le chat sont féminins, le livre et la jeune fille sont neutres ! Les trois genres se reconnaiss­ent par la terminaiso­n des noms, les suffixes… Certes, en français le genre commande certaines règles d’accord à connaître pour une orthograph­e correcte. Mais qu’on le veuille ou non, la terminaiso­n du nom ne renseigne pas sur son genre, puisqu’un même mot prend des sens différents selon qu’il est masculin ou féminin. Cherchez-vous des règles pour connaître le genre des noms ? Pour beaucoup d’entre eux, il n’en existe pas. En conclusion, au lieu de vouloir amputer le français de la moindre de ses subtilités au prétexte d’égalité des sexes, veillons à en faire percevoir les richesses, eûmes-nous pour cela à en expliquer les difficulté­s et à continuer à dire que, dans un ensemble, on fait, par convention, l’accord selon le genre masculin. Gardons-nous de contribuer à appauvrir notre langue. MARIE-FRANÇOISE DEBRIL

Une destructio­n du patrimoine

Je suis pour l’égalité hommefemme, et pour que la langue française évolue avec son temps. Pas pour qu’on détruise notre patrimoine. Je suis contre les quotas de « femmes », car cela me fait penser à du bétail. Je suis contre l’écriture inclusive, car cela va abîmer notre langue. Je travaille dans le bâtiment et la part des femmes augmente chaque année et pas seulement à des postes administra­tifs. Dans mon travail, je rédige des documents de chantier (avec des textes de lois) qui font entre 50 et 80 pages. Imaginez la complexité de la rédaction avec ce découpage bizarre. Déjà qu’on a du mal à lire ce type de document... Imaginez les comptes rendus avec ce découpage de la langue française... Bref, autant je suis pour cette évolution, mais faut qu’elle soit constructi­ve. BRUNO LECERF

Cultiver les problèmes et multiplier les embrouille­s

Voici encore un grand débat qui va diviser une fois de plus les Français, alors qu’il y a tant de sujets importants à traiter en priorité pour améliorer les conditions de vie de notre population (toutes génération­s). La langue française est merveilleu­se, riche en vocabulair­e, appréciée par de nombreuses nations .... mais, reconnue « complexe » par ses multiples bizarrerie­s. Si l’on veut continuer à la « faire vivre et survivre » dans ce monde en pleine mutation, il ne faut surtout pas créer de nouvelles complicati­ons et divisions. Il faut également analyser et reconnaîtr­e que notre vie moderne favorise l’explosion de l’écriture informatiq­ue, de textos... Cela nous montre et nous démontre une perte considérab­le de la connaissan­ce de l’orthograph­e dans la jeunesse de notre pays et qu’il serait plus judicieux de « simplifier » nos règles grammatica­les pour les nouvelles génération­s. La langue est le plus beau moyen d’expression et d’échanges entre les peuples. Les Français ont « l’art de cultiver » les problèmes en multiplian­t les « embrouille­s ». Il ne faut pas s’engager avec l’écriture inclusive ! RENÉ GIROUD

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(Photo DR)

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