Octane (France)

John Surtees 1934-2017

L’un des plus grands champions des sports mécaniques a tiré sa révérence.

- Texte Yan-alexandre Damasiewic­z

SEUL PILOTE À AVOIR été aussi bien Champion du Monde sur deux et quatre roues, John Surtees était également le doyen des champions du monde de Formule Un.

Né en 1932 en Angleterre, tout prédestina­it John Surtees à un incroyable destin en sports mécaniques. Son père, Jack, possédait un atelier de réparation motos et pilotait avec succès des side-cars. À onze ans, John a déjà sa moto qu’il pilote et entretient lui-même, et il participe à sa première course de side-car avec son père à quatorze ans. Les Surtees remportent l’épreuve avant d’être disqualifi­és: John n’a pas l’âge requis pour courir…

Sa carrière est toute tracée, en 1955, John remporte sa première victoire en Championna­t du Monde, à Dundrod, sur une NSU Sportmax 250. Courtisé dès lors par tous les constructe­urs, il signe chez MV Augusta l’année suivante et remporte son premier TT de l’ile de Man et le premier de ses huit titres mondiaux à moto. Sa domination sera sans partage : entre 1958 et 1960, le figlio del vento remporte 26 victoires sur 34 GP.

Au même moment, il se laisse tenter par les courses de monoplaces et ses premiers tours de roues sont très encouragea­nts. Colin Chapman veut le signer chez Lotus, mais Surtees craint la rivalité avec les pilotes de l’écurie et préfère modestemen­t s’engager avec l’équipe privée Yeoman Credit Cooper en 1961, où il se liera avec l’ingénieur Eric Broadley.

Il finit par céder aux avances de Ferrari en 1963, pour courir aussi bien en F1 qu’en voiture de sport. La collaborat­ion est fructueuse, avec un titre pour John et Ferrari en 1964, mais dès les débuts, sa relation avec le directeur sportif, Eugenio Dragoni, est conflictue­lle. En 1965, il lance avec Broadley sa propre équipe, le Team Surtees, qui développe la Lola T70-chevrolet pour courir en Can-am (il en sera champion en 1966). Un grave accident à Mosport lui laisse des séquelles à vie, qui servira sans doute de prétexte à Dragoni pour saboter ses 24H du Mans 1966. Surtees claque la porte de Ferrari alors que lui et l’équipe allaient sans doute remporter les deux titres.

La suite de sa carrière se fait chez Honda, toujours avec Broadley, le Team Surtees développan­t des monoplaces plus performant­es que celles des Japonais, les RA300 et RA301, avant que Honda finisse par imposer sa RA302 que Surtees refuse de conduire et qui sera fatale à Jo Schlesser dès sa première sortie à Rouen 1968. Le Team Surtees se lance en F1 en 1970, sans grand succès, faute de budget. Il raccroche son casque en 1972, alors que son équipe continue d’écumer les circuits jusqu’en 1978.

Devenu père sur le tard, John connaîtra l’immense peine de perdre son fils, Henry, en course, percuté à la tête par une roue folle lors de la course de Formule 2 à Brands Hatch en 2009. Il n’avait que 18 ans.

John Surtees était encore extrêmemen­t actif dans le milieu automobile: en 2009, il a été le premier conducteur à traverser le Tunnel sous la Manche en voiture, au volant d’une Ginetta G50 EV électrique, et il était fréquemmen­t l’invité d’événements historique­s, comme à Goodwood. John Surtees s’est éteint le 10 mars dernier à l’âge de 83 ans.

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