Music Hall mmf-5.3se
Avec ce modèle Music Hall mmf-5.3 SE, nous découvrons le principe de la platine vinyle à châssis «multi-étage». Disponible en plusieurs finitions (bois, noir ou rouge vif), ce modèle est livré prêt à l’emploi avec une cellule Ortofon 2M Bronze montée d’usine.
La marque Music Hall, d’origine américaine a été fondée, en 1985, par Roy Hall, distributeur des marques Creek, Epos, EAT et Goldring aux Étatsunis. Cependant, ses platines vinyles sont toutes fabriqués dans les mêmes usines tchèques que la marque Pro-ject.
Une mmf-5.1 recomposée
Par rapport au modèle de précédente génération mmf 5.1, la mmf-5.3 SE apporte quelques améliorations notables, dont un bras en carbone et un moteur synchrone DC. Mais pour le châssis nous retrouvons le socle à double plinthe en MDF haute densité cher à la marque. La plinthe du dessus accueille les principaux éléments de la platine : bras de lecture, plateau du disque, roulement avec axe et palier, charnières pour le couvercle. La plinthe du dessous intègre le bloc moteur ainsi que la terminaison des câbles du bras sous forme d’un petit boitier dans lequel l’utilisateur branchera le câble de modulation avec masse séparée livrée d’origine. Ces deux plinthes sont découplées l’une de l’autre par 6 petits plots en sorbothane, une matière qui a un haut pouvoir absorbant (combinant les propriétés du caoutchouc, du silicone et d’autres polymères). Ainsi, ce ne sont pas seulement les plinthes qui sont isolées, mais le moteur et toutes les autres parties de la platine. En outre, l’ensemble repose sur trois pieds dessinés par Music Hall. Ils ressemblent à trois pyramides inversées et tronquées. Ils renferment des «Silentblocs» également en sorbothane, et sont ajustables en hauteur.
Même vitesse, autre moteur
Le moteur synchrone DC est encapsulé au sein d’un logement fixé à la plinthe inférieure tout en étant isolé par une sorte de rondelle de feutre. Il est alimenté par un bloc secteur externe assurant un courant continu bien stable ; c’est un modèle Project M500 tout simplement. Il entraine le plateau en aluminium massif d’un poids plus que respectable de 2.7 kg. Ce plateau repose (comme sur une Rega) sur un support où sous-plateau en matière plastique dur d’où sort l’axe de rotation. Ce dernier est en acier inoxydable, il prend place dans un palier en bronze dont le fond est gainé de Teflon pour une absence de frottement mécanique. Le bras de lecture, un 9 pouces (230 mm) issu du bras 9CC de chez Pro-ject, est d’une toute nouvelle facture. Il est fabriqué autour d’un tube en carbone dont les qualités de rigidité ne sont plus à vanter. Son portecellule, en aluminium, peut se régler en verticalité grâce à une petite vis facilement accessible.
Le contrepoids est isolé du tube par une sorte de joint en matière extrêmement souple, un découplage supplémentaire pour faciliter le travail de la cellule. Tous les roulements permettant les déplacements verticaux et horizontaux de ce bras sont distribués dans un logement en aluminium qui forme la base. Le câble phono est détachable et offre ainsi la possibilité d’en changer pour un modèle plus haut de gamme Enfin, pour parfaire le travail de l’ensemble, la mmf 5.3-SE est dotée d’un couvre-plateau en feutrine, mais surtout d’un palet-presseur en métal se vissant sur l’axe de la platine pour un meilleur serrage. D’origine, la mmf-5.3-se est livrée avec une cellule Ortofon 2M Bronze. C’est une MM dont le corps est fait d’une résine composite, Lexan DMX, qui rigidifie toute la cellule. Le diamant est de taille «Nude Fine Line», un profil qui, d’après Ortofon, donne à cette cellule la richesse et la précision d’une MC.
Écoute : mariage réussi
Tout de suite, nous sommes frappés par la réponse en fréquence très large du couple Music Hall mmf5.3 SE + Ortofon 2M Bronze. Cette platine va beaucoup plus loin que la Rega 3 sur pas mal de points comme la reproduction de multiples nuances offerte par chaque instrument. L’image stéréo s’est aussi élargie et l’impression d’une présence encore plus flagrante est réelle. La dynamique est superbement respectée, nous sentons que cette platine gère parfaitement le tempo de chaque disque avec un bas du spectre dégraissé et tendu. La Music Hall mmf-5.3 SE laisse manifestement la cellule Ortofon exprimer sa vraie personnalité, un doux mélange de subtilités des timbres et de rapidité. Et même si cette platine demande un peu plus de manipulation : arrêt de la platine et pose du palet presseur par exemple, le jeu en vaut vraiment la chandelle, car nous arrivons ici à tirer plus de détails et d’informations de chaque LP. Parallèlement, la scène sonore est large et ouverte avec beaucoup d’aérations entre les différents plans sonores. L’écoute du disque Decca d’oeuvres de Ravel et Berlioz chantées par Régine Crespin accompagnée de l’orchestre de la Suisse Romande conduit par Ernest Ansermet en est une preuve flagrante. La voix de la chanteuse se positionne parfaitement au centre, légèrement devant l’orchestre. Elle est restituée avec des timbres d’une grande élégance et grande classe. La véracité de sa tessiture se lie à un suivi rythmique très bien dosé. Passant au disque «Blue Train» de John Coltrane, nous sommes tout de suite embarqués dans un flot sonore très nuancé et différencié. Les cymbales du batteur Philly Joe Jones filent dans l’air avec une décontraction et une liberté assez impressionnantes. La construction «multi-étage» de cette Music Hall comme ce nouveau bras offrent manifestement une stabilité de lecture assez performante. La cellule phono est parfaitement à son aise, cela se sent à l’ouverture et la sensation de présence des musiciens. La Music Hall mmf-5.3-se est d’une fabrication rigoureuse mais sait être aussi superbement musicale.