Parents

3e étape : l’aider à changer de posture

- CATHERINE MARCHI

la bonne attitude pour régler définitive­ment le problème existe. Comme l’explique Emmanuelle Piquet: «Contrairem­ent à ce que de nombreux parents pensent, si on évite tout stress à ses poussins, on les rend encore plus vulnérable­s. Plus on les protège et moins on les protège! Il faut se mettre à leurs côtés, mais pas entre eux et le monde, les aider à se défendre eux-mêmes, à se débarrasse­r de leur posture de victime une bonne fois pour toutes ! » Les codes de la cour de récré sont clairs, les problèmes se règlent d’abord entre enfants et celui qui ne veut plus qu’on l’embête doit s’imposer et dire stop.

Emmanuelle Piquet conseille aux parents de construire avec leur enfant “une flèche verbale”, une petite phrase, un geste, une attitude, qui l’aideront à reprendre le contrôle de la situation et à sortir de la position du “recroquevi­llé/plaintif”. La règle, c’est se servir de ce que fait l’autre, de changer de posture pour le surprendre. C’est pour ça que cette technique s’appelle le “judo verbal”. Le cas du très joufflu Gabriel de 3 ans et demi en est un parfait exemple. Salomé, sa copine de crèche, ne pouvait s’empêcher de pincer très fort ses belles joues rondes. Les assistante­s maternelle­s lui ont expliqué que ce n’était pas bien, qu’elle lui faisait mal,

Décembre 2017 elles l’ont punie. A la maison, les parents de Salomé aussi la grondaient à cause de son comporteme­nt agressif envers Gabriel. Rien n’y faisait et l’équipe finissait même par envisager de la changer de crèche. La solution ne pouvait pas venir de Salomé, mais de Gabriel lui-même, c’est lui qui devait changer d’attitude ! Avant même qu’elle ne le pince, il se mettait à avoir peur, et après, il pleurait. On lui a mis le marché en mains : « Gabriel, soit tu restes une grosse guimauve qui se fait pincer, soit tu te transforme­s en tigre et tu rugis très fort! » Il a choisi le tigre, il a rugi au lieu de pleurniche­r quand Salomé s’est jetée sur lui, et elle a été tellement surprise qu’elle a arrêté net. Elle a compris qu’elle n’est pas toute puissante et n’a plus jamais pincé Gabriel le tigre.

il faut aider l’enfant agressé à renverser les rôles en créant un risque. Tant que l’enfant agresseur n’a pas peur de l’enfant agressé, la situation ne change pas. Autre exemple, celui de Léa, une petite fille de 5 ans qui se faisait bousculer et asticoter par Théo dont le jeu favori était de la faire pleurer. Pour décocher sa “flèche verbale”, Léa devait aller voir Théo dès son arrivée et lui dire : « Ma grande soeur et ses copines m’ont dit que quand un garçon tape une fille c’est qu’il est amoureux d’elle et qu’il n’ose pas le dire ! Tu es mon amoureux, tout le monde le sait maintenant ! » De peur d’être taxé d’amoureux par les copains, Théo a cessé d’embêter Léa. Et Léa a repris le contrôle de la situation et retrouvé confiance en elle.

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