Playboy (France)

“le studio 54, c’est une dictature à la porte mais une démocratie sur le dancefloor.” andy Warhol

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l’on guette tout ce qui se trame sur le dancefloor et où l’on baise en toute discrétion. A cela, s’ajoutent une multitude de recoins conçus pour s’isoler et la partie la plus désirée du Studio 54, l’espace situé au sous-sol réservé aux plus ViP des ViP. Les clients, choisis sur le volet, s’y adonnent aux plus primaires des débauches pendant que les employés sont occupés à leur tracer des lignes de coke impeccable­s. ce groupe d’individus essayant de forcer la porte des armes à la main. Plus triste, cet inconnu, retrouvé quelques semaines après sa mort, son smoking coincé dans les tuyaux d’aération du club. L’histoire du Studio 54 est ainsi un concentré d’anecdotes et de faits divers qui ont contribué à lui donner cette aura légendaire. Les habitués se souviennen­t encore de cette soirée donnée en l’honneur de Dolly Parton où le club s’est retrouvé transformé en réplique de la ferme aux animaux revisitée par Broadway avec veaux, vaches, poules et cochons s’en donnant à coeur joie sous les beats disco ; de la fête organisée par Steve rubbel pour le dernier lifting de son ami Truman Capote ; de l’anniversai­re du couturier Valentino sur le thème du cirque avec un chapiteau, des sirènes se balançant sur des trapèzes, des diseuses de bonne aventure perroquet sur l’épaule et les costumes du film The Clowns prêtés par Fellini ; de la party organisée par Karl Lagerfeld avec personnel en livrée et multitude de chandelier­s ; de la brigade de Hells Angels débarquant sur le dancefloor à moto pour l’anniversai­re de Carmen d’Alessio ; de Michael Jackson dansant comme un fou dans la cabine du DJ ; des innombrabl­es ballons qui tapissaien­t le plafond du club et qui, en explosant, laissaient échapper des nuages de cocaïne ; de cette immense lune souriante avec une paille qui, lorsqu’elle descendait du plafond, signifiait qu’il était temps de se repoudrer le nez… Car la drogue déclinée sous forme de coke, de poppers, d’acides, d’ecstasy et de Quaaludes fut une des clés du succès insolent du Studio 54. ferme officielle­ment ses portes tandis que Steve rubbel et ian Schragger écopent de treize mois de prison. Pour le duo déchu, c’est l’occasion d’organiser leur plus belle fête sobrement intitulée The End of Modern-Day Gomorrah. On y croise Diana ross, Jack Nicholson, richard Gere, Sylvester Stallone. A la fin de la soirée, Liza Minelli entonne son New York New York qui signe le clap de fin. racheté pendant que rubbel et Schragger purgent leur peine, le Studio 54 ne retrouvera pas sa gloire passée. il faut dire que l’époque a changé et que la folie disco a vécu. Le 12 juillet 1979, a lieu la Disco Demolition Night : à l’occasion d’un match entre les White Sox de Chicago et les Tigers de Detroit – les deux villes qui donneront plus tard naissance à la house et à la techno –, 50 000 spectateur­s jettent sur le terrain des vinyles de disco comme des frisbees, exprimant le le ras-le-bol d’une musique entachée par ses excès, ses paillettes et l’argent facile. Enfin, l’arrivée du sida, dont Steve rubbel décèdera en 1987, signe la fin d’une période où tous les excès furent encouragés. En seulement trente-trois mois d’existence, le Studio 54 et son cocktail unique de célébrités et d’inconnus, de bling et de dope, d’extravagan­ces vestimenta­ires et de pirouettes sexuelles auront scellé en beauté les années 1970. Une période qui a enterré l’héritage hippie du “All we need is love” pour un “All you need is fame”. La suite est une autre histoire.

Studio 54 de Ian Schrager, préface de Bob Colacello (rizzoli). 69 €.

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