Première - Hors-série

DARK PHOENIX

- PAR FRÉDÉRIC FOUBERT

Joaquin Phoenix va-t-il oui ou non céder à l’appel des Supers? Signera-t-il pour être le Joker? L’un des mystères lancinants du début d’année a permis à l’acteur de se livrer à son sport favori : jouer au chat et à la souris avec les journalist­es.

Depuis quelque temps, ça allait mieux. Il s’était détendu. Et même, il parlait. Les interviews avec Joaquin Phoenix ont longtemps été le cauchemar du reporter ciné, ponctué de regards fuyants, de réponses douloureus­ement marmonnées et de silences gênés. Mais depuis son pétage de plombs période I’m still here et son come-back en majesté avec The Master, Joaquin Phoenix ne répugnait plus forcément à faire la conversati­on. Il posait son paquet de blondes sur la table, en allumait une, et pouvait se laisser à quelques confidence­s sur ses méthodes de travail, ses idoles ou son enfance hippie (pour peu qu’il ait l’interviewe­ur à la bonne). Mais au printemps dernier, quand il est passé en France promouvoir Don’t worry, he won’t get far on foot, de Gus Van Sant, il arrivait précédé d’une rumeur disant qu’il serait le prochain Joker, dans un film réalisé par Todd Philips. Devant la caméra d’Allociné, qui lui demandait s’il allait oui ou non accepter le rôle, Phoenix faisait semblant de ne pas savoir du tout de quoi on lui parlait – pas son interpréta­tion la plus convaincan­te de tous les temps, mais un moment très amusant. Au micro de Première [lire n°484], il expliquait que le jour où il consentira­it à tourner dans un gros film de studio, ce serait à la condition de pouvoir expériment­er comme il l’entend – c’est-à-dire, en allant parfois très loin. « Vivement le Spider-Man de Paul Thomas Anderson », ironisait Gus Van Sant, assis à ses côtés. Puis Joaquin Phoenix a signé avec Warner, et la rumeur Joker est devenue réalité. En septembre, à Deauville, en promo pour Les Frères Sisters, l’acteur est apparu émacié, comme déjà « in character », et a repris ses vieilles habitudes, refusant sèchement les interviews concept de Konbini (« Je ne joue pas à ce jeu »), et plantant ses copains John C. Reilly et Jacques Audiard face à Laurent Weil de Canal+. Joaquin Phoenix appartient à cette race d’acteurs rebelles qui refuse de se plier aux méthodes lénifiante­s de la promo ronron, et c’est d’ailleurs aussi pour ça qu’on l’aime. Son engagement dans Joker est-il la preuve que le film est un projet « à part », ou alors la confirmati­on que même les irréductib­les comme lui ne peuvent plus dire non au business des superhéros

(ou, en l’occurrence, des super-vilains)? Phoenix, manifestem­ent, a accepté de « jouer à ce jeu ». Va-t-il pouvoir le faire sans noyer sa singularit­é en chemin?

Pas trop de panique, cependant : dès Superman (1978), Brando avait démontré que superhéros rime aussi avec Actors Studio.

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