Première

LES MEILLEURS FEEL GOOD MOVIES Le top des films qui rendent heureux

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GAËL GOLHEN

L’exemple parfait de la comédie sociale française. Sens du tempo, instinct de l’époque, comédiens qui brûlent les planches et peuvent nous bousculer sans nous froisser avec leurs vannes amères : le travail d’orfèvre du tandem Toledano Nakache, jamais démagos, fait naître un sentiment fédérateur, avec cette histoire de contraires qui finissent par se (re)trouver.

Rien de plus feel-good que de partager son amour du cinéma à travers une évocation nostalgiqu­e et fétichiste des débuts du parlant (la preuve avec notre numéro 1, dont The Artist reproduit la trame générale). Mais Michel Hazanavici­us sait éviter les chausse-trappes du simple pastiche, pour signer un vrai beau film populaire où l’on se marre et où l’émotion naît d’un plaisir partagé à travers un vrai geste de cinéma.

Les amours tumultueus­es et romantique­s entre un Américain (John Wayne) de retour dans son village natal irlandais et une jeune fille du coin qui a un sacré caractère (Maureen O’Hara). Une fessée culte, une bagarre mythique, un technicolo­r renversant... L’Homme tranquille est une visite guidée des pubs où s’étourdir à la bière brune, une balade dans un pays fantasmé et un prospectus enflammé pour deux stars à la beauté flamboyant­e et tourbée. Notre Brigadoon.

Moulin Rouge !, c’est le cinéma de l’excès, du tropplein, du débordemen­t, du mauvais goût, même. Un film grandiloqu­ent et rupin où chaque scène pastiche un cinéaste (dans le désordre Méliès, Kubrick, Donen) pour remixer le tout façon puzzle et Barnum. Si le 7e art filait vers son apocalypse alors Baz en serait le parfait antéchrist. Kitsch ? Bien sûr. Vulgaire ? Absolument. Mais forcément jouissif et excitant.

Leçon numéro 1/ Ne réglez jamais votre réveil sur 6 h et sur une station de radio locale. Leçon numéro 2/ Testez toujours la températur­e de la douche avant d’y entrer. Leçon numéro 3/ La meilleure façon d’empêcher un voyage dans le temps est d’arrêter de se comporter comme un con. En croisant Bergson et Capra, Harold Ramis réussit le feel-good « méta » idéal. Un film qui réfléchit constammen­t à ce qu’est vraiment le bonheur (et le bonheur au cinéma) et offre son plus beau rôle à Bill Murray.

Être et avoir n’est pas seulement un bel hommage au dévouement discret d’un instit idéal. Ni un doc sur l’école (sa classe unique est presque hors du temps, imaginaire). Dans les marges de sa copie, Nicolas Philibert signe son Zéro de conduite qui nous renvoie à nos angoisses et à nos bonheurs d’enfants. Il y a la rigolade (le jeune Jojo), mais aussi l’émotion : Nathalie, la petite fée qui ne veut pas parler et Olivier, mini-colosse qu’il ne faut pas trop secouer sous peine de le briser.

L’acteur (Guinness) et le studio (Ealing) qui firent du feel-good une spécialité british. Alec Guinness joue un scientifiq­ue qui vient d’inventer un tissu indéchirab­le et insalissab­le. Un personnage rêveur et naïf, un poète, un génie incompris. Vous et moi en somme. Un type qui tente d’échapper à la réalité et aux costards noirs du règne économique. Un chevalier blanc, un Pierrot lunaire qui, de Londres à Rio de Janeiro, essaie d’échapper au réel. On rêve parfois d’enfiler son costard.

Amélie ? Une VRP du bonheur. Après avoir été artisan de SF, Jeunet devient brocanteur de félicité, compilant les événements riquiquis et les joies fugaces – comme on sait, au cinéma le bonheur est aussi dans le « près ». Si l’aventure d’Amélie enchante toujours, c’est parce qu’elle touche du doigt et de sa cuillère à café magique un dénominate­ur commun – les plaisirs minuscules et l’amour vrai.

On pourrait vivre dans chacun des films de Lubitsch, mais surtout dans celui-là où, entouré de deux femmes sublimes (la malicieuse Miriam Hopkins et la sensuelle Kay Francis), on jouerait au roi de la cambriole et on se lancerait à la recherche du bonheur dans un monde aussi léger qu’une bulle de champagne.

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