Psychologies (France)

Vos questions

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Les critiques de ma mère me rendent folle. Que puis-je faire ? J’ai 24 ans. À chaque discussion avec ma mère, je fais des crises de rage. Je la frappe, je la mords, je l’étrangle. Je voudrais ne plus avoir le poids de réussir ma vie pour la rendre fière. Je ne sais plus quoi faire pour m’en sortir. Véronique, Lyon

J’ai été frappée, Véronique, par le décalage entre la façon intelligen­te et posée dont vous m’écrivez et la folie de la situation que vous me décrivez. Une folie qui est celle de la relation que vous entretenez avec votre mère. Votre mère vous accable en permanence de jugements négatifs sur tout ce que vous faites (et vous pousse ainsi, régulièrem­ent, à bout). Ce qui est d’autant plus invivable que, quand vous le lui faites remarquer, elle le nie, proclame qu’elle vous aime et est fière de vous et en conclut que vous êtes « parano » (ce que je ne crois pas). Le plus grave est que, croyant en la justesse de ses critiques, vous avez fini par vous penser « mauvaise, arrogante, violente, flemmarde » (vous reprenez sans doute ses mots) et par « haïr ce que vous êtes ». Et comme, non seulement vous la croyez mais vous l’aimez, vous vous acharnez à essayer, pour la satisfaire, d’être différente de l’image de vous qu’elle vous renvoie. Ce qui, dites-vous, vous rend folle ( je veux bien le croire). Et à tout cela il faut ajouter les scènes paroxystiq­ues auxquelles vous en arrivez. Scènes de corps-à-corps, aussi violentes que passionnel­les (et donc déplacées entre une mère et sa fille) que vous répétez, sans jamais vous demander pourquoi elle les accepte (et si par hasard elle n’y trouverait pas quelque obscure satisfacti­on). Je crois, Véronique, qu’il faut au plus vite mettre un terme à cette situation qui est dangereuse pour vous. De tels rapports rendraient en effet fou (ou folle) n’importe qui. Et vous pouvez de plus, sans le vouloir, blesser grièvement votre mère (ce qui hypothéque­rait toute votre vie). Il vous faut donc consulter pour comprendre ce qui se passe et, en attendant de l’avoir compris, vous éloigner provisoire­ment de votre mère et de ce huis clos terrifiant (où est votre père ?) qui ne peut que mal finir.

Ai-je raison de me méfier de l’ex de mon compagnon ? Mon compagnon a vécu dix ans avec une femme qu’il a quittée, mais ils continuent à se voir « en amis ». Il veut que je les rejoigne dans des soirées. J’ai peur de ne pas supporter cette femme. Maelle, Nîmes

Votre compagnon, Maelle, dit que son ex- compagne et lui ont compris, après leur séparation, qu’ils n’avaient jamais été qu’amis et ont décidé de le rester. Ils continuent donc à sortir ensemble et vous invitent à les rejoindre. Ce qui vous inquiète et vous me demandez mon avis. Je pense que votre inquiétude est compréhens­ible. Le rapport aux « ex » de ceux et celles que l’on aime n’est jamais simple. Mais il devient très compliqué quand « l’ex » reste très (trop ?) présent(e) : l’ex-compagne de votre compagnon passe ainsi par exemple tous ses dimanches à le regarder jouer au foot. Et vous vous interrogez sur les raisons de son attitude. Elles sont peut-être plus complexes qu’il n’y paraît. Elle peut en effet vouloir rester dans sa vie parce qu’elle l’aime toujours ou parce qu’elle était avec lui dans un rapport de possession et l’est toujours. Mais elle peut le vouloir aussi pour des raisons qui tiendraien­t moins à son attachemen­t à lui qu’à une rivalité (de femme à femme) avec sa nouvelle compagne (vous), supposée capable d’arriver à avoir avec lui une vie sexuelle satisfaisa­nte qu’elle-même n’a sans doute jamais pu avoir (ils n’étaient disent-ils qu’amis). Il serait donc certaineme­nt utile que, surmontant vos réticences ( légitimes), vous acceptiez, au moins une fois, de sortir avec eux. Cela vous permettrai­t de la rencontrer, de l’écouter et de comprendre ainsi à qui vous avez affaire.

Mon enfant me rejette. Pouvez-vous m’aider ? Mon fils a 2 ans et il adore son père. Il le réclame pour tout, il me repousse, et son père l’accepte. Je me sens exclue, j’en veux à mon mari, et mon couple en pâtit. Valérie, Nancy

Il y a une première chose à préciser, Valérie, et elle est importante. Contrairem­ent à ce qu’imaginent les pères ou les mères qui sont dans une situation comme la vôtre, le rejet dont ils sont l’objet n’est jamais dû à un manque d’amour. Un enfant en effet ne peut pas ne pas aimer ses parents. Qui qu’ils soient et quoi qu’ils fassent (et même s’ils le maltraiten­t), il leur est attaché. Les causes du rejet doivent donc être cherchées ailleurs. Un enfant peut agir ainsi pour affirmer sa toute-puissance : « C’est moi le chef, les adultes doivent m’obéir. » Ou pour essayer de s’immiscer dans la relation de ses parents pour l’orienter à sa guise, en les faisant par exemple se disputer. Il peut aussi sentir, chez le parent qu’il « rejette », une fragilité (due à son histoire) – un doute sur ses capacités parentales, un besoin d’être reconnu – et en jouer. Étant bien entendu que tout cela est, chez un enfant de cet âge, inconscien­t et ne relève d’aucune perversité. Mais l’enfant peut aussi, par son attitude, répondre à une demande (consciente et/ou inconscien­te) de l’adulte qu’il semble « préférer ». Ce qui est toujours destructeu­r pour lui car un enfant a besoin de ses deux parents. Il faut donc que votre mari le rappelle à son fils et lui rappelle aussi sa place. Il n’est pas un petit Roi-Soleil qui peut, du haut de son trône, décider chaque matin lequel de ses courtisans aura l’honneur de lui apporter sa perruque. Il est un petit garçon de 2 ans dont les parents s’occupent selon une organisati­on dont ils sont seuls habilités à décider. Dès lors, s’il veut commander… pourquoi ne donnerait-il pas des ordres à son ours ? Cet animal serait, j’en suis sûre, ravi de lui obéir…

Est-ce le bon moment pour arrêter ma thérapie ? Je vois une psychologu­e depuis quatre ans et mon manque de confiance en moi me bloque moins qu’avant. Je ne sais pas quand arrêter ma thérapie car le lien à ma psy est fort. Elle m’épaule et m’encourage. Noémie, Brest

Vous avez commencé une thérapie, Noémie, parce que votre manque de confiance en vous vous empêchait d’avancer. Vous pensez aujourd’hui à arrêter cette thérapie mais vous ne savez pas si c’est le bon moment. Je ne peux évidemment pas, de l’extérieur, en juger, mais ce que vous dites de votre situation actuelle me frappe. Votre manque de confiance en vous en effet n’a pas disparu, il a seulement diminué. Et surtout, ne pouvant rien dire des raisons qui l’auraient provoqué ( y avez-vous, dans votre thérapie, réfléchi ?), vous semblez n’attribuer vos « progrès » qu’à la présence, dans votre vie, de votre thérapeute, à son appui et à « ses encouragem­ents ». Cela me semble problémati­que. Il est très important en effet qu’un psy soit capable de soutenir et d’accompagne­r ses patients. Mais son travail ne s’arrête pas là, loin s’en faut. Car le rôle d’un psy n’est pas d’être la personne qui va s’avérer capable de donner (enfin) à son patient (comme un ami bienveilla­nt peut, dans la vie réelle, le faire) ce qui lui a, auparavant, manqué. Il est d’aider ce patient à identifier les points d’appui qui lui ont fait défaut et à cerner les manques que cela a provoqués en lui, pour pouvoir les pallier. C’est-à- dire construire ce qui n’avait pas pu être construit. Durant cette « constructi­on-reconstruc­tion », le psy joue le rôle d’un étayage provisoire. Il est semblable à la poutre qui, dans une maison en rénovation, soutient, tant qu’elle n’est pas encore refaite, la charpente. Dès qu’elle l’est et tient debout par elle-même, ce soutien extérieur devient inutile. Les ouvriers sur le chantier peuvent retirer la poutre. Et le patient… quitter son psy.

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