Simian Ghost
DISCOGRAPH Lorsqu’on commence un troisième album par “Float”, avec ces harmonies vocales shamallow azuréennes, on s’expose. Non pas à la critique, mais aux louanges, ce qui peut être pernicieux. Car depuis “Infinite Traffic Everywhere”, premier opus du projet de Sebastian Arnström, Simian Ghost, devenu un vrai groupe, est la cible de compliments en grande partie justifiés, mais dont il doit se montrer à la hauteur. En publiant “Youth” l’année suivante, Arnström et ses copains (à la scène) suédois ont enfoncé le même clou doré, et la presse internationale s’est emportée au contact de cette pop lumineuse et torsadée, légère mais jamais futile, allant jusqu’à affirmer que la succession d’Abba était assurée. “The Veil” s’inscrit dans cette délicieuse logique et, non content de continuer à y multiplier les références aux Beach Boys et autres groupes (souvent américains) de la pop des années 60 et 70 — “A Million Shining Colours” et “The Ocean Is A Whisper” sont brillantes comme du Brian W, “Cut-Off Point” et “Echoes Of A Song” font penser aux Alessi Brothers — Simian Ghost déploie également son talent au service de chansons préalablement trempées dans l’air du temps (“Never Really Knew” et “Scattered And Carless”, très Phoenix des débuts), folkisantes et éthérées pour mieux diffuser l’émotion (“Fight Even”, “Endless Chord” la bien nommée, “August Sun”), et quelques autres, trépidantes comme si les Rubinoos les avaient produites (“I Will Speak Until I’m Done”, “Summer Triptych”). Au final, “The Veil” est un album idéal pour passer l’été en rêvant les yeux ouverts, les autres sens en alerte maximum, en dansant comme des Egyptiens et en priant Râ pour que septembre tarde. JEROME SOLIGNY