Rock & Folk

Lana Del Rey

- “Ultraviole­nce”

INTERSCOPE/POLYDOR/UNIVERSAL La carrière de Lana a démarré sur un malentendu classique. Une belle femme a hélas souvent besoin d’en faire plus que, disons, une Janis Joplin, pour prouver sa pertinence en tant que chanteuse. Diva hantée, égérie diaphane, Lana a marqué des points avec “Born To Die”. Mais le toujours difficile second album est l’épreuve du feu, et la Reyne lynchienne la franchit avec les honneurs. Au lieu de livrer un duplicata de son premier succès, elle débauche Dan Auerbach des Black Keys pour 9 titres de ce diamant noir qu’est “Ultraviole­nce”. Plutôt que de jouer les Pygmalion, Dan s’est accaparé l’univers de Lana et a apporté sa touche de façon subtile. Pas d’avalanches de six-cordes, car Lana ne cherche pas une grotesque crédibilit­érock. Juste un son qui surfe entre l’éther de la mélancolie et l’énergie sourde d’un rock atmosphéri­que, terribleme­nt contempora­in. La ballade langoureus­e “Cruel World” ouvre le bal, sublime. “Sad Girl” est la bande-son d’une rupture, “Pretty When You Cry” celle d’une dépression. “Cold Money” convoque des cordes élégantes. Le single “West Coast” est un hymne à la Californie drivé de main de maître par Auerbach, “Fucked My Way Up To The Top” une réponse indirecte à ceux qui voyaient en cette chanteuse qui broie du noir une starfuckeu­se. Lana met en scène la fragilité de sa voix, sans abuser des effets de manche. Les 11 titres (14 dans l’édition deluxe) sont comme un orage qui gronde, une explosion de sensualité contenue dans un nuage de guitares pleureuses, de synthés envoûtants et de lyrics d’une nostalgie qui semble parfois irréelle. De multiples écoutes révèlent chacune une nouvelle raison d’aimer cette apôtre d’un rock’n’roll suicide futuriste et irrésistib­le. OLIVIER CACHIN

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