Rock & Folk

LOWELL FULSON

1921(Oklahoma)-1999(Californie)

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fasse faillite en 1953 : “Cold Hearted Woman”, “Low Society Blues”, “Blue Shadows”, “I’m A Night Owl”... “Lonesome Christmas” cartonne en 1950, Hollywood Records en acquiert les droits et sert la chanson aux confiseurs, chaque fin d’année. Lowell Fulson égale Tino Rossi ! Il pèse 75 % du CA de Swing Time, et son band compte jusqu’à douze musiciens. Ray Charles y débute, se met à son compte en 1952 et kidnappe l’orchestre. Las de jouer au patron, Fulson part en solo dans les bétaillère­s de la pop, avec des revues comme la Joe Morris Blues Cavalcade qui bonde les théâtres du pays. Swing Time tombé, Aladdin recueille le génie des charts. “Blues Never Fail”. Le staff examine les ventes de ce premier disque et pense que Fulson est fini. Bah, il enchaîne chez Checker, le quartier R&B des frères Chess, mais supporte mal le caporalism­e de Len. Il n’apprécie pas davantage les musiciens du Nord et enregistre la première séance Checker à Dallas, entouré de Sudistes comme David Fathead Newman, saxo ténor chez Ray Charles. “Reconsider Baby” (1954) fait un énorme hit national, graine de blues moderne reprise par Presley. Chez Checker, Fulson réalise encore quelques coups juteux, parfois surprenant­s, comme ce “Tollin’ Bells” de 1956, la marche funèbre au lamento gospel que Willie Dixon lui impose. L’épisode Checker s’achève en 1962 après quelques années ternes, malgré deux ou trois sursauts commerciau­x. Mort, Fulson ? Au milieu des années 60 il revient à Los Angeles et se maque avec les frères Bihari, dans ce qu’il leur reste de patrimoine : Kent. Il se défend bien pour un hasbeen, sa soul gonflée de choeurs et de cuivres est une bonne affaire : “Black Nights” en 1965 et le bouquet en 1967, sa dernière bombe : “Tramp”, une tranche de signifying toute bête, un peu funk, qui court au long des années, de bouche en bouche, de sample en sample, Otis Redding avec Irma Thomas, Julie Driscoll, Salt-n-Pepa, Jr Kimbrough, ZZ Top, Prince... Ce nouveau riche corseté dans son costume blanc, qui fait le paon devant une Cadillac Eldorado (elle aussi d’un blanc immaculé), tel qu’il apparaît sur la pochette d’un LP Kent intitulé “Low” ou “Funky Broadway”, prétendait que son existence valait cinq cents. L’évaluation avait été établie par un shérif du Mississipp­i. Après un accrochage bénin avec la voiture d’une Blanche, ce shérif avait surgi et pointé son flingue sur Fulson. Il lui avait dit : “Ça me coûterait quoi de te buter ici, maintenant ? Tout juste un nickel. Le prix d’une balle.” Pendant la guerre, Fulson est affecté à la tambouille sur une base navale d’Oakland. Il protège ainsi son sang, partiellem­ent choctaw. Les week-ends, il fait le tour des clubs avec sa gratte électrique. Il tombe sur Bob Geddins, un presque producteur qui va donner son genre au blues de la Baie. Quand la Navy l’envoie servir dans un mess de l’île de Guam, Geddins le rencarde à Oakland pour après la guerre. On ne mesure pas immédiatem­ent l’influence qu’a eue Fulson sur l’émergence du rhythm’n’blues et du blues moderne. Il loge à l’entresol : on sait qu’il existe, on le cite rarement. A Oakland, il épate déjà la clientèle des clubs avec ses épanchemen­ts amers, typiques des pleurniche­urs mondains de la côte Ouest, et ses lignes de guitare élégantes et dynamiques que T-Bone Walker a apportées de l’autre côté de la Sierra Nevada. Sillons faisant, sa guitare

tbonewalka­nte s’est mise à réfracter toutes sortes de gimmicks qu’on retrouvera dans les doigts de John Lee Hooker ou de Freddie King. Blues, ballades, R&B, puis soul, puis funk... Fulson s’efface dans la disparité des styles. Il a pourtant défini le R&B avant Roy Brown en Louisiane. Fulson fait de la cire à partir de 1946. Son frère Martin à la seconde guitare, il enregistre pour Big Town, l’un des labels de Bob Geddins, dans le style accablé des bluesmen d’ici. En quête d’une production plus brillante, il inaugure le catalogue Trilon avec pianiste et section rythmique, et continue à Los Angeles chez Down Beat (qui devient Swing Time quand la feuille de jazz de Chicago, Downbeat, prend ombrage de l’homonymie). Retour chez Geddins en 1948 en compagnie de Martin, pour un coup décisif : “Three O’Clock Blues”. Fulson taillade, de ses phrases exaspérées, la scansion morbide de son frère et produit une grosse secousse sur la côte Ouest. “Three O’Clock” lance également la carrière de BB King en 1951 quand, rencontran­t Fulson à l’Hippodrome de Memphis, il sollicite l’autorisati­on de reprendre la chanson. Fulson revient chez Swing Time pour une autre secousse : “Everyday I Have The Blues”, adaptation du “Nobody Loves Me” de Memphis Slim. Fulson monte en troisième position des charts R&B. Même “Rockin’ After Midnight”, la face B, mousse dans le classement. Derrière Fulson, ça brode haute couture avec le jeune Earl Brown au saxo et Lloyd Glenn au piano. Toujours bousculé par les tournées aux quatre horizons du pays, Fulson additionne les succès nationaux et régionaux jusqu’à ce que Swing Time

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