Rock & Folk

Ils re-arrivent !

- VINCENT TANNIERES

30 ans après “Appetite For Destructio­n” et 25 après l’Hippodrome de Vincennes en juin 1992, leur premier concert en France, les Guns N’ Roses sont de retour. Mettant haine et détestatio­n provisoire­ment de côté. Ils seront trois sur les cinq membres originaux. Comme les Rolling Stones depuis des années. Ce qui n’est déjà pas mal. Mieux en tout cas que les Beatles et je ne parle pas des Ramones. De retour en France, en 2017. Corneille est un chanteur et Picasso une voiture. Guns N’ Roses aura été probableme­nt la dernière incarnatio­n du groupe rock global. Le dernier aussi à avoir dominé la planète et en assumer le statut en même temps que les caricature­s inhérentes au rôle. Nirvana ne profita pas de sa conquête de l’Europe et Oasis a quelque peu raté l’Amérique. QOTSA aurait pu, White Stripes aussi mais Josh Homme comme Jack White ont renoncé à ce titre un peu désuet et plus tellement dans l’air du temps de patron

du rock. Préférant même se consacrer à leur famille, concept impensable des décennies plus tôt. Ces deux-là s’impliquent aujourd’hui dans la production, posture moins égo-maniaque si l’on peut dire et si l’on ne pense pas à Phil Spector... moins exposée en tout cas. Plus dans l’époque. Cette époque du hashtag. Quand les Guns N’ Roses débarquère­nt à Paris, la capitale vibrait, consciente que le gang le plus dangereux était en ville. Comme les New York Dolls la première fois. Ou les Sex Pistols, bien sûr. Remettant le danger au coeur du propos, ce danger qu’incontesta­blement ils incarnaien­t avec assiduité. Chacun dans son rôle, dans son histoire et dans ses excès aussi. Un groupe choral en ce sens. Axl, l’enfant violenté, Slash et Duff défoncés. Izzy Stradlin déjà parti. Remettant au coeur de tout ce parfum enivrant, libre et bandant du rock seventies. Ils seront les derniers à le faire car depuis, qui incarne cela ? Doherty fut un temps dangereux mais pour lui-même essentiell­ement. Le danger est incarné aujourd’hui par ces types s’acharnant, dans des clips filmés au portable, à faire des signes avec leurs doigts, au pied de barres d’immeubles. On le sait, il y a plein de façons d’être ou d’aimer le rock. Certains auront été convertis par la puissance d’un solo de guitare, par la posture de Johnny Rotten ou par la grâce de Debbie Harry rendant amoureux d’elle pour toujours. D’autres par les costumes de David Bowie ou le torse toujours nu d’Iggy Pop. D’autres encore par ces groupes réservés, fascinés par leurs propres chaussures. Mais aussi par le retour de ces petits blousons de cuir, la coupe d’un jean, une paire de boots ou cette façon un peu voyou de porter des lunettes noires. Un look comme l’on disait autrefois. Avec, bien sûr, la musique comme dénominate­ur commun. Alors rétrospect­ivement, que penser de cette tribu hair metal ? Comment expliquer la fascinatio­n et le succès qu’elle obtint à l’aube des années MTV ? Ces personnage­s, car il s’agit bien de cela, tellement mecs qu’ils féminisent à mort leur aspect ? Jouant, comme d’autres avant eux, l’outrance et l’équivoque homme/ femme. Maquillage, bracelets par kilos, bagouses bienvenues, tignasse crêpée et péroxydée parfois, foulards par centaines, la santiag par dessus le pantalon de cuir et le motif panthère, réservé depuis toujours aux rombières. Mais comment vieillir attifé de la sorte ? Peut-on encore porter un short Lycra sous un kilt passé 25 ans ? Nous verrons ça au Stade de France. Le public sera intéressan­t à observer lui aussi... Welcome to the jungle ?

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