Phoenix
GLASSNOTE/WARNERMUSIC Phoenix possède un ADN musical puissant. A la première écoute de chaque nouvel album, on a cette drôle d’impression de réouvrir une sorte de coffret précieux duquel émane instantanément des saveurs uniques, tout de suite reconnaissables. Cette touche si personnelle, cette griffe si singulière, on aurait pu craindre que les Versaillais ne la malmènent à la simple vue du titre, pour le moins risqué, de ce nouvel exercice. Mais que l’on ne se méprenne pas, le gang de Thomas Mars n’a pas viré variété italienne. Par contre, ce nouvel album est clairement revendiqué comme un retour aux racines européennes et latines du groupe à travers une vision fantasmatique de l’Italie, version éternels étés romains. Le plus étonnant, c’est que dans un premier temps, on peut ne pas attacher beaucoup d’importance à cette démarche. Des titres comme “J-Boy”, “Role Model”, “Tutti Frutti” ou même “Ti Amo” sont de facture plutôt classique. Puis, au fil des écoutes, ce nouveau décorum prend doucement forme. On réalise que, ici et là, l’italien et le français se sont glissés dans les textes, que l’ambiance générale hésite entre fêtes et longues après-midi en terrasse. “Ti Amo” se révèle comme une suite de cartes postales ensoleillées avec des titres particulièrement entêtants comme “Fior Di Latte”, “Fleur De Lys”, “Via Veneto” ou encore “Love Life” qui a bien du mal à cacher son incontestable parenté avec le “When I’m With You” des Sparks. Et lorsque “Telefono” conclut l’affaire au pas de charge, il parait tout à coup évident que ce nouveau Phoenix a toutes les chances d’être l’album de l’été.
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ERIC DECAUX