Indochine
“13”
INDO CHINE RECORDS/ SONY MUSIC Dans le top 3 des clichés qui plombent la critique pop, on trouve letoujours difficile deuxième album et l’ album delamaturité. “Le Péril Jaune” étant sorti il y a 34 ans, seule la seconde option reste disponible pour Nicola Sirkis. Mais à l’écoute de ce treizième album longue durée( prèsd’ 1h 30 en version deluxe), on est loin du compte. A deux ans de la soixantaine, le concepteur de ce groupe inaltérable propose plutôt un album de l’immaturité, une immaturité parfaitement assumée, avec ses thèmes classiques et ses pompes qui désolent les rétifs et enchantent les fans. Les premiers mots de l’ouverture donnent la couleur : “Noir, le ciel est tout noir ”(“BlackSky ”). On retrouve les échos eighties des débuts sur des rythmiques épileptiques comme celle de “Suffragettes BB” et on croise un hit en puissance dans un titre sur deux. On est au coeur de la pop music, là où un accord mineur devient hymne d’une génération, là où l’émotion se vit au premier degré, sans distance ni cynisme, comme dans le bouleversant single “La Vie Est Belle”, superbement clippé par Asia Argento (elle chante aussi sur le titre “Gloria”) qui, comme jadis “Marcia Baila”, mélange amour fou et cancer. Les formules sont imagées (“Du mercurochrome sur la violence/ Des kimonos blancs dans l’ ambulance ”) et la mécanique électro pop s’enraye le temps d’un reggae punkisant, “Trump Le Monde”, double référence aux Pixies et au maitre psychotique de l’AmériKKKe. Ce que ses détracteurs reprochent à Indochine, c’est ce qu’ils apprécient chez d’autres : obsessions textuelles, lyrisme échevelé, indifférence à la haine qui enrobe trop souvent le succès populaire dans ce pays qui vénère les losers adnauseam.
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OLIVIER CACHIN