White Denim
“Performance” CITYSLANG
White Denim a toujours été inclassable dans le paysage pourtant bigarré du rock’n’roll américain. Plutôt garage à ses débuts, le quartette, emmené par James Petralli et Steve Terebecki, a très vite explosé ce cadre étroit pour lorgner du côté de Captain Beefheart, jusqu’à sonner quasiment jazz et même progressif. En fait, James et Steve ont tendance à fréquemment changer d’accompagnateurs, faisant dès lors évoluer leur approche musicale. Il y a deux ans paraissait “Stiff”, réalisé par le poids lourd Ethan Johns, et qui opérait un virage assez étonnant vers le blues-rock et la soul, avec une nette influence Black Keys. Pour ce “Performance”, Petralli a souhaité revenir vers une forme de création spontanée et recruté deux nouveaux acolytes : le marteleur virtuose Conrad Choucroun (ex-NRBQ) et le claviériste Michael Hunter. Afin de pouvoir expérimenter librement, il a aussi conçu son propre studio dans un ancien magasin général (et étable) du centre-ville d’Austin. Ce huitième album est intéressant dans la mesure où il explore le style caractéristique de Dan Auerbach tout en y ajoutant une certaine versatilité musicale. “Magazin”, dopé par des cuivres et un groove moelleux, est une réussite, tout comme la chanson-titre (aux étonnantes fragrances Strokes) et surtout “It Might Get Dark”, qui modernise l’art de T Rex de manière irrésistible. Le reste de l’album est un peu moins stellaire que ces trois gemmes, bien que truffé de bonnes idées (la wah-wah finale de “Double Death”, l’intermède synthétique de “Moves On”, la très R&B “Backseat Driver”). Ce “Performance”, solaire et chamarré, devrait donc sans doute encore augmenter la notoriété de cette formation douée et attachante. JONATHAN WITT