Le gros plan du Géant
Pour résumer la vie résolument hors norme de l’auteur, il faudrait quatre pages ou, alors, se contenter de l’explication suivante : suite à une piqûre de moustique qui la plongea dans un coma profond dont elle sortit à moitié paralysée, Emil Ferris décida de dessiner des monstres au stylo bille sur un carnet à spirale, seize heures par jour, durant cinq ans. 800 pages plus tard, Emil Ferris boucle une histoire aussi marquante que l’apparition du rock’n’roll, et, dès les premières pages de “Moi, Ce Que J’Aime, C’est Les Monstres — Livre Premier ” (éditions Monsieur Toussaint Louverture), c’est “Wild Thing” des Troggs qui est joué sur l’électrophone de Karen Reyes, dix ans, une gamine qui aime tout ce que la norme déteste. Depuis l’apparition de Robert Crumb et celle de Vuillemin, la planète BD n’avait pas connu un tel tremblement de terre.