Rock & Folk

THE STROKES

- Danny Boy

“Last Nite” a presque vingt ans. A l’époque, une nouvelle génération redécouvra­it les joies de la guitare et celles de s’éclater sur les pistes de danse. L’occasion pour le bassiste Nikolai Fraiture d’évoquer l’enregistre­ment et d’expliquer le succès du nouvel album, “The New Abnormal”.

VIVRE EN AMÉRIQUE AUJOURD’HUI, C’EST VIVRE DANS LE NOUVEL ANORMAL. L’actualité quotidienn­e y est insupporta­ble, et la vie quasi insoutenab­le. L’inconscien­ce de Donald Trump, un président sans précédent, a tué plus de 200 000 de ses compatriot­es. Terrassés par une pandémie hors de contrôle, les Américains n’ont jamais été aussi divisés : injustices raciales, brutalités policières, émeutes sans fin à Portland. Sans parler des feux de forêt apocalypti­ques. A l’heure de cette division nationale, les Strokes, eux, n’ont jamais été aussi unis. Nikolai Fraiture évoque le retour du groupe et le bonheur de se retrouver. “C’est quand nous sommes séparés que des problèmes de communicat­ion se créent. Que ce soit à cause d’interviews mal interprété­es ou de rumeurs stupides qui circulent. Quand nous sommes tous les cinq dans une même pièce, nous prenons vraiment plaisir à jouer. Nous ne sommes jamais en colère quand nous jouons. L’ambiance doit être bonne, sinon c’est la musique qui en pâtit”.

Démos à New York

Rock&Folk : Pour ce sixième album, vous vous êtes offert les services de Rick Rubin (Beastie Boys, Johnny Cash, Tom Petty). Pourquoi ?

Nikolai Fraiture : “Nous avions contacté Rick il y a plusieurs années, juste après ‘Comedown Machine’. Les chansons que nous lui avions présentées étaient trop abouties et il ne savait pas ce qu’il pouvait y apporter. Ça n’a pas été plus loin. Après ‘Future Present

Past’, le groupe s’est réuni aux studios Red Bull à New York, pour se reconnecte­r. Nous n’avions pas réellement de plan. Chacun de nous a apporté des idées et des instrument­s différents, des claviers, etc. Julian avait un petit pedalboard. Nous expériment­ions, tout ça était très libre. Nous avons ensuite envoyé ces ébauches à Rick.

Pas assez bon pour la radio

R&F : “Is This It” et “Room On Fire” ont été concoctés dans le studio Transporte­rraum, dans une cave newyorkais­e, et celui-ci à 4 500 kilomètres de là, dans le studio Shangri-La, au bord de mer, à Malibu. Deux environnem­ents de travail très différents pour des albums tous trois très réussis. Alors, quelle est la recette ?

Nikolai Fraiture : “Gordon (Raphael) est un grand producteur à sa façon. A l’époque, de nombreuses personnes pensaient que le son n’était pas assez bon pour la radio mais on s’y est tenu parce qu’on aimait le résultat. Je me souviens, quand tout flashait au rouge sur la console, Gordon disait : ‘Pas grave, ça sonne bien!’ (rires). Avec Rick, c’est différent mais la sensation est identique. Je peux même dire que nous nous sentons encore plus à l’aise lorsque le feeling est supérieur à la qualité du studio. Shangri-La est un endroit superbe — un come-back dans les années soixante-dix !. Même si ce n’est pas le top du top du point de vue technologi­que, ni le plus flamboyant des studios, le son y est incomparab­le. Et puis la plage à un bloc, ça motive ! Rubin tenait vraiment à ce que nous soyons tous les cinq présents dans la même pièce. Pour lui, la notion de groupe est importante. A ShangriLa, nous avions la chance d’avoir Julian, notre chanteur, présent et prêt à expériment­er avec nous. Le but était de retrouver les sensations de nos premières années, pré-‘Is This It’, quand nous étions toujours ensemble, quand nous répétions au Music Building. Nous étions seulement cinq amis heureux de jouer ensemble vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. Quand tu écoutes cinq gars qui jouent en harmonie, à un même niveau, qui s’entendent bien et qui ont le même but, cela s’entend dans le résultat final. Ça devient spécial. C’est juste cette synergie musicale. Oui, ces moments étaient magiques. Rick a définitive­ment été capable de capturer ça.” ★

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