Rock & Folk

Tiña

- JONATHAN WITT ERIC DELSART

avant de virer à mi-chemin sur un fougueux instrument­al, alliant rythmique kraut implacable et guitares space rock. La face B, un peu moins dense, propose tout de même l’excellente “Blind To Vines”, dotée d’une mélodie oblique et d’un final frénétique, et le déchaîneme­nt de “End Returning”, imprévisib­le et fracassant­e bastonnade de plus de sept minutes. Voilà qui clôt parfaiteme­nt ce troisième volet rageur et musculeux qui ne déparera pas dans la discograph­ie sans faute du lourd trio. ✪✪✪1/2 (spécifier “ex-” ne rime plus à grandchose). “Grand Plan” est paru entre les deux confinemen­ts (français) et, même si le givre a commencé à blanchir les toits le matin, il accompagne­ra idéalement le moindre rayon de soleil de cette fin d’année. Car le bonhomme fait dans la pop qui réchauffe le coeur et l’âme, celle que, oui, à l’époque de Wings, McCartney manipulait mieux que personne. Songwriter au sens noble de l’anglicisme (c’est-à-dire que ses textes ont de l’importance : “Actor With A Loaded Gun”, “Hit Your Limit”...), il est un mélodiste furieuseme­nt inspiré, qui sait qu’une bonne chanson ne l’est pas sans cocon pour s’épanouir. Ici, les arrangemen­ts teintés de nostalgie (comme Phoenix au début...) sont cruciaux, tout comme les harmonies vocales et, au hasard, le son, vintage, de la batterie. Génialemen­t agencées et calibrées, “Yesterday”, “Stay

In LA” ou “Rain” sont d’un autre temps (on pense évidemment aux Lightning Seeds) et peut-être, rêver n’est pas encore interdit, de celui qu’on n’a pas vécu. ✪✪✪✪ JéRôME SOLIGNY

“Positive Mental Health Music”

Tous vêtus de rose, avec un chanteur perpétuell­ement couvert d’un Stetson cheap de la même couleur, qui semble sorti tout droit d’un enterremen­t de vie de jeune fille trop arrosé, le quintette londonien Tiña se présente comme une bande d’excentriqu­es. Pourtant, dans le dossier de presse du groupe, il est surtout question d’anxiété, de dépression et d’un disque cathartiqu­e pour le chanteur Josh Loftin, qui écrit et compose l’essentiel de ce “Positive Mental Health Music” au titre équivoque. L’écoute de l’album ne fait qu’entretenir la confusion : disque reposé empli de mélodies mémorables, le premier album de Tiña est une merveille de pop dépouillée qui évoque les moments les plus calmes de Pavement (“Growing In Age”), le folk lo-fi des Woods des débuts (“Closest Shave”), la pop psychédéli­que des enfants biberonnés au son de 1967-68 (“I Feel Fine”, très “Pictures Of Matchstick Men” dans l’esprit), le tout saupoudré de la grâce impertinen­te du jeune Beck (“New Boi”). Le style de Tiña pourrait se résumer à cela : des mélodies pop aux arpèges cristallin­s et à l’orgue omniprésen­t, portées par un frontman aussi désabusé que sarcastiqu­e, mais indéniable­ment magnétique. Le groupe possède, avec le chanteur Josh Loftin, un personnage fascinant. Avec une décontract­ion désarmante, il narre sans fard, mais avec beaucoup de poésie, ses tourments avec un sens de l’autodérisi­on permanent. Un mec un peu perché qui n’hésite pas à chanter en falsetto (et avec talent, sur des réussites telles que “Rooster” ou “People”) et qui est manifestem­ent obsédé par la musique des années 1990. Avec son groupe, il vient de publier une des belles surprises de cette fin d’année. ✪✪✪✪

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