Tony Visconti

témoins s’allonge. Le livre en devient deux. “J’ai été en retard pendant cinq ans. J’ai vécu à l’heure Bowie trop longtemps et ma seule satisfaction, c’est qu’en donnant la parole aux musiciens, même les petits, moi qui en suis un minuscule, je bouclais un peu la boucle. Je suis content qu’ici, 70% des propos soient tenus par des musiciens parlant de la musique de Bowie, de leur contribution.”

Elle m’a conseillé ses vitamines

Et s’il y a encore une vérité que ce livre peut rétablir, c’est que son auteur n’est pas un fan obsessionnel, vendant ses organes contre des collectors.

Quand on parlait de miracle, un autre s’est produit pendant l’écriture de “Rainbowman”. Hermione Farthingale, muse, partenaire et petite amie de Bowie à la fin des années 1960, et Jérôme ont commencé à correspondre. “Elle m’a même conseillé ses vitamines (il agite un tube en riant, ndr). Alors que je rédigeais la postface, elle a écrit six pages. Tony Visconti m’avait envoyé une photo du couple de dos. Et elle m’a raconté à quel moment elle avait été prise, puis a porté un regard sur la carrière de Bowie. On est quelques-uns à penser qu’elle a été, artistiquement parlant, la femme de sa vie.

H

DECEMBRE 1990

R&F 280

Dieu sait si la rédaction en a commis des titres aux calembours atroces, mais en décembre 1990 elle mettait “Libé” au tapis. Pour Happy Mondays : “Happy qui chantent”. Slayer : “Thrash & Artères”. Parabellum :

“Si vise Sacem” (téméraire retournement de “Si vis pacem”). Gros bruit sur le rock alternatif dans ce numéro d’ailleurs : “l’invasion nord-américaine” de Boucherie Productions avec huit groupes de l’abattoir (juste Montréal et New York en fait, notamment au CBGB), et des papiers sur la Mano Negra, les Satellites et les Wampas.

La flower soul positive de Deee-Lite peut être qualifiée de “holographic techno-soul-housegroove”. Lady Miss Kier Kirby, porte-parole de ces trois “groove-nicks”, est une “Barbie psychédélique délicieuse”. De l’interview d’INXS on retiendra que “Garry porte des shorts sur scène, ça me dépasse” (Andrew Farriss).

DECEMBRE 2000

R&F 400

Fatboy Slim a déterré la voix de Jim Morrison. Surprise, Jim chante comme Bono ! Fatboy pense que Tricky est “un crétin”. Tricky, sur Fatboy : “Lui, s’il ne la ferme pas, il va en prendre une.” Puisqu’on est chez les teignes, restons-y. Coup sur coup, le guitariste et le bassiste d’Oasis posent leur dem’. Noel se retrouve presque face à face avec Liam. “Encore six semaines de tournée avec ce débile, mais j’ai aussi une maison à Ibiza avec une plage privée, le choix est vite fait”. Le vinyle n’a récupéré que 2 % du marché, mais il revient comme le bouclier antipiratage. “Le 45 tours et sa brutale honnêteté, le 33 tours et ses poignants mystères” sont maintenant gravés sur du foie gras par Simply Vinyl : une pâte vierge 180-grammes, quand les albums des années 70-80 étaient faits de disques refondus avec leurs étiquettes et leur poussière.

DECEMBRE 2010

R&F 520

Les Kings Of Leon avaient grandi à l’étroit dans le van d’un prêcheur évangéliste. Ils furent catapultés devant 15 000 fidèles à Glastonbury. Honteux, ils se mirent à ramasser les aumônes à la fourche. Jared :

“A un moment, j’ai eu peur que Caleb sabote le truc (l’album ‘Come Around Sundown’) pour éviter un nouveau succès.” Ari Up manque encore d’entraînement, elle vient juste de décéder, mais Syd Barrett, Rory Gallagher et Elvis Presley montrent que, même planquées dans l’au-delà, les stars

“n’arrêtent pas de bosser. A force de branler leur invisible sexe d’Osiris, on finira bien par en réveiller une.” Sur “Viva Elvis” et ses réorchestrations dantesques, la voix du King,

“c’est ‘Pet Sematary’ ”. Le chroniqueur le voit s’excaver et l’entend dire : “Vous avez gagné, m’avez réveillé, maintenant je vais tous vous tuer les uns après les autres.”