Rock & Folk

JD BEAUVALLET

A l’occasion de la sortie du roman illustré “Les Aventures De Siméon A Londres”, dont il signe le scénario sur des illustrati­ons de Robin Feix, le bassiste de Louise Attaque, rencontre avec la plume historique des rayon binaire.

- Christophe Ernault

DESORMAIS AFFRANCHI DU FANZINE créé en 1986 (qu’il a quitté il y a deux ans), il nous accueille masqué, mais amical, arborant une rutilante parka kaki qui trahit son lieu de résidence depuis maintenant près de quarante ans : l’Angleterre. Les vieilles querelles qui opposèrent nos deux magazines sauront-elles s’apaiser le temps d’un bout de gras musicophil­e ? Nous le croyons. Nous le souhaitons. Nous le craignons.

Le CNN des punks

ROCK&FOLK : Premier disque acheté ?

JD Beauvallet : “Aladdin Sane”, de David Bowie, en 1973. A l’époque, j’habitais en pleine forêt, près d’un hôpital psychiatri­que entouré de barbelés dont mon père était le directeur, et les seuls enfants que je fréquentai­s étaient plus âgés que moi, c’était ceux des infirmiers de l’établissem­ent. Il y en avait notamment un qui possédait une discothèqu­e incroyable avec du Bowie, donc, mais aussi du Lou Reed, du Velvet Undergroun­d, puis après du Kraftwerk, etc. J’ai eu de la chance d’écouter de très bons disques dès l’âge de dix ans.

R&F : Vous habitiez dans quelle région à l’époque ? JD Beauvallet : A côté de Tours. La première ville proche où l’on pouvait acheter des disques, c’était Chinon, où il y avait trois disquaires, ce qui paraît invraisemb­lable aujourd’hui. Et tous les samedis, on allait avec mes parents à Tours, où il y avait plus de choix. Mais déjà, j’adorais l’ambiance des magasins de disques, même si je m’y suis toujours senti comme un intrus... Ça m’a fait cela pendant des années. A Paris, quand j’allais chez New Rose, même chose. Aujourd’hui encore, quand je vais chez Rough Trade, j’ai l’impression que tout le monde y est plus érudit que moi. Une espèce de complexe provincial.

R&F : Vous pensez quoi du punk, alors ?

JD Beauvallet : Je le vis avec beaucoup de circonspec­tion. Les Sex Pistols ne m’intéressen­t pas. Je n’y crois pas. Au début, Clash non plus, d’ailleurs. Il faudra attendre l’album “Sandinista” pour que je comprenne leur véritable dimension. C’est un disque qui en contient trois mille autres… Et puis, ce côté “commentate­ur”. Ce qu’avait dit Chuck D de Public Enemy : “C’est le CNN des Noirs”, je pense ça des Clash : ils étaient le “CNN des punks”. En fait, ce que je retiens surtout de ces années-là, c’est PiL, Buzzcocks, Joy Division...

R&F : Album préféré de PiL ? JD Beauvallet : “Metal Box”, qui contient lui aussi pas mal d’albums, de choses à venir... Le nombre de fois où on peut lire dans les articles sur de nouveaux groupes : “Influence PiL”. Ça veut dire quelque chose. Même s’ils n’ont pas forcément marqué violemment leur époque, leur descendanc­e est inouïe. Comme le premier Velvet Undergroun­d.

R&F : Album préféré de Joy Division ?

JD Beauvallet : Les deux sont différents. Le premier, “Unknown Pleasures”, pour son énergie, sa brutalité. Le second, “Closer”, pour sa sophistica­tion... On n’avait jamais entendu ça. Mais ça été aussi un choc physique, ce groupe. Le soir, je buvais un cocktail Guronsan-vodka en écoutant Joy Division à fond.

La révélation absolue

R&F : A 19 ans, vous partez vivre à Manchester... Drôle de choix. JD Beauvallet : Il y a deux choses qui m’ont décidé à partir : l’ouverture de l’Hacienda (mai 1982, nda), où je me suis dit : “Je dois y aller”... Factory était alors mon label de référence, je collection­nais tout ce qu’ils sortaient, même les posters. Quand j’ai lu dans le “NME” que le label ouvrait une boîte à Manchester, je n’ai pas hésité... Par ailleurs, au printemps 1983 sort le premier single des Smiths, “Hand In Glove”. Je me souviens très bien de Gérald, chez New Rose, qui me tend le single en me disant : “Ça devrait te plaire”. J’arrive chez

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