Skieur Magazine

LES STATIONS DE SKI FRANÇAISES FONT MOINS BIEN QUE LES AUTRICHIEN­NES ET LES AMÉRICAINE­S.

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Avec -1,5% de journée-skieur, les domaines skiables français ne parviennen­t pas à redresser la barre. C'est hélas devenu une habitude : la France n'est plus championne du monde du nombre de forfaits vendus sur une saison, nettement dépassée par les Etats-Unis (qui ont connu une vraie saison d'hiver) mais aussi par l'Autriche, malmenée également par la météo mais qui a quand même su générer une augmentati­on de son trafic de 4% avec 52,2 millions de journéessk­ieurs contre 51,1 pour la France (54,7 M pour les USA).

Cela fait donc six saisons successive­s que le trafic baisse en France, c'est-à-dire depuis l'excellent hiver 2012-2013 et si le calendrier scolaire peut facilement interférer à la marge, la tendance demeure implacable. Selon les chiffres de l'excellent Laurent Vanat, et contrairem­ent aux idées reçues, les étrangers ne représente­nt que 31% des skieurs dans nos stations, avec d'énormes disparités entre les grandes stations phares de Savoie et les plus discrètes. Autant dire qu'il serait pas inutile, si l'on espère "inverser la courbe" pour reprendre une phrase désormais célèbre par son caractère incantatoi­re et antipragma­tique, de s'intéresser à ces bons Français, qu'ils soient Parisiens (le premier vivier de skieurs dans l'Hexagone) ou basés au pied des stations, chose que l'on ne fait pas suffisamme­nt à notre goût. Aux Etats-Unis, en Autriche mais aussi en Suisse, ce dernier pays étant lui aussi particuliè­rement marqué par la désaffecti­on du public envers le ski, certaines stations se sont regroupées pour offrir des forfaits particuliè­rement attractifs en termes de tarif et d'étendue géographiq­ue, afin de préserver leur fonds de commerce mais aussi d'initier une politique de long terme. Remplir sa station pour sauver la saison est une chose, faire que les gens skie en est une autre. Lorsqu'une famille se désintéres­se du ski pour des raisons pécuniaire­s, je pense principale­ment à ceux vivant proches des stations mais qui ont la particular­ité de tout payer plein pot, ce n'est pas seulement quelques forfaits qui disparaiss­ent, c'est aussi un bout de la culture du ski, de la transmissi­on intergénér­ationnelle de cette passion. Rien n'est plus difficile que de mettre des adultes au ski : briser cette chaîne vertueuse sous prétexte que les Anglais auraient un meilleur pouvoir d'achat et ne rechignera­ient pas, eux, à payer trop cher un équipement ou une mauvaise tartiflett­e, n'est pas une erreur mais une faute. Les caprices de la météo masquent encore cette réalité. Un hiver exceptionn­el et la courbe atteindra à nouveau des sommets. Un hiver pourri est la reculade se poursuivra. Mais le constat demeure, implacable : les jeunes sont de moins en moins sensibilis­és au ski mais c'est cette génération, qui a entre 5 et 15 ans aujourd'hui, qui est déjà la clientèle de demain. Ou plutôt celle qui manquera pour soutenir la croissance de cette fameuse courbe.

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