Igor Bogdanov
Ultraterrestre
“J’ai deux réponses à apporter sur la question de l’amour. D’une part, c’est la liaison avec la géométrie du symbole du football, le ballon en lui-même. C’est une sphère S2 qui peut être comprise de plusieurs façons, mais on peut la voir comme une planète miniature. D’ailleurs, on peut y voir le symbole de l’univers luimême avec deux topologies sphériques, comme Einstein l’a démontré avec pi. Bref, en cosmologie comme dans la théorie newtonienne, c’est la forme la plus simple. Si on compare avec le ballon de rugby et sa forme ovoïde, c’est précisément pour introduire de l’aléatoire. On constate que cette forme peut déjouer les prédictions sur la trajectoire future du ballon. Or, le football est beaucoup plus pur. C’est grâce à sa sphéricité que sa circulation est beaucoup plus simple d’un joueur à un autre. Cette simplicité se traduit aussi dans les règles. C’est la seconde explication à la passion autour du football. Le foot, comme dans tous les jeux d’équipe, implique des règles. Ce sont ces règles qui permettent au jeu de se déployer de façon efficace et suscitent la passion. Or, un enfant de 10 ans qui va observer un match de football devant la télé comprendra les règles avant la fin de la rencontre. De la même manière que l’univers est ordonné, les lois du football sont ordonnées. Et les extraterrestres? C’est envisageable, selon moi, que des êtres inventent et aiment le football sur une autre planète. Il faut simplement obtenir des conditions favorables aux contraintes scientifiques et physiques qui devraient s’exercer sur une communauté extraterrestre qui aurait émergé à l’aide d’un long processus d’évolution du vivant. Pour cela, il faut partir du fait de raison qu’est l’universalité des lois, à savoir que les lois sont partout les mêmes. Quelle que soit la distance à laquelle on observe l’univers, les lois physiques qui s’exercent sur la Terre sont exactement les mêmes à l’autre bout de l’univers. À partir du scénario physicobiologique qui fait qu’une vie intelligente a amené, par le biais d’une complexité croissante, à l’espèce humaine, on peut penser avec raison que des êtres à peu près semblables peuvent jouer au football et produire des émotions.”–