So Foot

Pavel Nedved.

“Nedved n’existe plus. Maintenant il y en a un autre.” Le second Pavel Nedved ressemble pourtant au premier: même physique rachitique, même personnali­té directe, même tignasse, mêmes gestes nerveux, rien que dans la façon de mélanger le sucre dans son caf

- Par Maurizio Crosetti pour La Repubblica – ITALIE – Traduction: Valentin Pauluzzi / Photo: Insidefoto/Panoramic

Le Ballon d’or tchèque raconte le vice-président de la Juve qu’il est devenu.

Soyez franc, vous vous entraînez encore. Non, je me maintiens juste en forme. Rien aujourd’hui, par exemple? J’ai accompagné mon fils à l’école à 7 h 30, puis une petite heure d’activité physique sans forcer, cette interview, puis je vais voir les joueurs à Vinovo, et ce soir une autre heure et demie de course à pied, de vélo ou à la salle de sport –je l’ai à la maison.

Et le jeudi, petit match entre amis sur un terrain de banlieue. Toujours. Avec le président (Agnelli, ndlr) et les amis. Jouer au foot est tellement beau. En devenant dirigeant de la Juve, j’ai appris un autre métier. Après la première assemblée des actionnair­es, qui a duré presque six heures, je me suis dit: “C’est pire que trois entraîneme­nts de suite…” Puis je suis allé à la salle de sport pour me défouler et réfléchir.

Comment cela a-t-il commencé avec Andrea Agnelli? Avec le président, on s’est plu réciproque­ment parce qu’on se disait tout. Toujours directs, en face. On se ressemble. Et si je dois lui dire que selon moi il se trompe, je le lui dis. Il ne vous répond pas tout de suite mais il vous écoute. Et après quelques jours, s’il y croit, il fait ce que vous lui avez dit. C’est un homme loyal.

Est-il vrai que vous mettez des coups de latte dans les sièges de l’Allianz Stadium? Celui qui est devant moi est défoncé. Si un joueur n’arrive pas à attraper le ballon, j’allonge ma jambe instinctiv­ement. Et à Vinovo, si le ballon vient vers moi, je le contrôle et le repasse.

Vous pensez encore comme un joueur? Non, il ne faut pas. Au début, j’allais dans les vestiaires et je parlais comme si j’étais l’un des leurs: ce n’était pas la bonne chose à faire. Je l’ai compris après. Mais être dirigeant est beaucoup, beaucoup plus difficile.

Et beaucoup, beaucoup moins agréable? Je vous jure que le premier Scudetto remporté en tant que conseiller m’a apporté plus de satisfacti­ons que les autres.

Que reste-t-il d’Antonio Conte? Il nous a redonné du sang. Je le comprends car le mien ressemble au sien. Mais il est parti parce qu’il pensait qu’il n’aurait pas pu faire plus.

Cette année, la Juve est plus forte ou plus faible? On ne peut pas encore le dire, tout va bien seulement quand on gagne. Mais elle me plaît beaucoup et peut devenir plus forte que la dernière. Même si on a perdu quelque chose derrière avec Bonucci, elle a beaucoup plus de solutions de rechange en attaque.

Tout le monde dit que le Napoli joue mieux. Parce qu’on ne sait pas jouer, nous? Le Napoli semble plus spectacula­ire. Semble, parce qu’il va vite et tire énormément. Mais moi, je m’amuse aussi avec Dybala, Douglas Costa, Bernardesc­hi: je dois en citer d’autres? Et puis, c’est quoi la beauté? Un jeu en triangle?

Tôt ou tard, quelqu’un d’autre gagnera le Scudetto. Je le sais, ce jour viendra. Le plus tard possible, j’espère.

En quoi la Juve est-elle différente? J’ai vu des grands joueurs ne pas supporter le poids de ce maillot qui porte tous les noms du passé. Ici, c’est beaucoup plus difficile, et si tu fais match nul, tu as perdu.

Vous, vous n’avez pas un président en Chine ou aux États-Unis: ça compte beaucoup? En tant qu’étranger, je dis que l’“italianité” est la force supplément­aire de la Juventus, la continuité de la propriété familiale est unique au monde.

Dybala deviendra-t-il le plus grand? Le plus grand des humains, parce qu’il a le mental et il sait travailler sur ses erreurs.

Pourquoi des humains? Parce que Messi ne l’est pas.

Un autre club l’achètera un jour, votre Dybala? J’espère que non, mais après Neymar, tout est possible, le mercato est devenu fou. Il faut tous ensemble trouver le moyen de garder les joueurs: à la fin, ce sont eux qui choisissen­t, et s’ils ont les couilles, ils restent.

“Une assemblée d’actionnair­es, c’est pire que trois entraîneme­nts de suite”

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Isocèle a les yeux bleus.
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