1958: et au milieu coule une rivière
LIEU: KOPPARBERG (SUÈDE), DU 20 MAI AU 3 JUIN. ALTITUDE: 167 MÈTRES. RÉSULTAT: TROISIÈME (4 VICTOIRES, 2 DÉFAITES).
L'équipe drivée par Albert Batteux se prépare dans ce que la presse appelle la “Megève suédoise”, l'altitude en moins, à 220 kilomètres de Stockholm. À l'entrée de la ville, une banderole “Nous salutons l’équipe de France” accueille les Français. Batteux, dès la première causerie, prévient ses ouailles, venues pour certaines avec leurs cannes à pêche: “Vous n’êtes pas venus ici pour taquiner le saumon.” Plutôt des truites en effet, à en croire Justo Fontaine. “Batteux ne nous imposait rien d’ennuyeux, juge celui qui s'apprête alors à devenir le recordman de buts dans une coupe du monde. On galopait, on transpirait. Le jeu ne cessait pas. Du matin au soir en survêtement, nous pêchions des kyrielles de truites. Délassement et boulot se confondaient dans cette existence de rêve.” Robert Jonquet poussait le vice jusqu'à mettre un réveil chaque matin aux aurores pour aller taquiner le goujon, seul, à 5 du mat. Un art de vivre pas vraiment au goût de la fédé à Paris, qui leur fait parvenir un télégramme: “VOUS PRIE SONGER AU SERIEUX DE VOTRE MISSION ET DU ROLE QUE VOUS AVEZ A JOUER EN SUEDE OU VOUS ETES NOS AMBASSADEURS stop.” Comme quoi, la mort de la langue française date de bien avant le langage SMS.