So Foot

“C’était comme des balles de kalachniko­v en plein coeur”

- TD

Avec Valencienn­es, le soir de ce fameux match à Metz, en 2007, on ouvre la marque, 1-0. À Saint-Symphorien, le public est très proche du terrain. Et à chaque ballon, on entendait des cris de singe. Pour moi, c’était comme des balles de kalachniko­v que je recevais en plein coeur. Que ce soit pour moi ou pour mon collègue, Mody Traoré, ça a été une soirée horrible… Le plus terrible, c’est quand je vais voir la personne garante de l’intégrité physique et morale du joueur: Monsieur l’arbitre. C’est mon seul refuge, celui qui est censé nous protéger, et là, il me renvoie dans mes cordes. Il me dit de continuer à me concentrer… Je me suis senti lâché… J’avais ciblé l’homme qui faisait les cris. Ce qu’il a fait dans les tribunes ce soirlà, j’appelle ça du terrorisme psychologi­que. Et quand je vais pour m’expliquer avec ce terroriste en passant au-dessus du panneau publicitai­re, les stewards m’en empêchent, pensant que j’y allais pour en découdre avec lui. De retour sur le carré vert, l’arbitre me sort un carton jaune. Là, il m’a achevé, enterré… Je suis encore plus abattu qu’en recevant les insultes, en fait. À la mi-temps, tous mes coéquipier­s essayent de m’encourager, mais lorsque je reviens pour la seconde période, je suis un cadavre. Je me sens comme une bête en plein milieu d’une arène. Après cet incident, M. Bernard Laporte s’est gentiment invité chez moi. Je le fais entrer à la maison avec beaucoup de respect, parce que c’est le secrétaire d’État chargé des Sports. Je lui expose les faits, on a bu un thé à la menthe. Il est venu chez moi avec des journalist­es, des caméras. Je pensais qu’il allait prendre le problème à bras-le-corps… Bah non, c’était juste une opération de com. Rien n’a été fait, on en est toujours au même point qu’en 2007.

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Abdeslam Ouaddou, ancien internatio­nal marocain

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