“Pendant l’entraînement, il crachait à mes pieds”
Quand je suis arrivé en Moldavie, j’avais 20 ans et je ne connaissais rien d’autre que le Burkina Faso. Mais ça allait, je n’étais pas trop dépaysé parce qu’on était sept ou huit dans l’équipe à venir d’Afrique. Cette filière de recrutement du Sheriff Tiraspol et le fait qu’on soit titulaires a créé beaucoup de jalousie et d’incompréhension chez les footballeurs locaux. Ça se passait mal en particulier avec un de mes coéquipiers, qui pensait que le monde était fait pour des gens comme lui. Quand quelqu’un ne t’aime pas, tu peux le sentir rien qu’à son visage ou à la façon qu’il a de poser les yeux sur toi. Il était toujours à la limite. Pendant l’entraînement, il crachait à mes pieds. Hors du terrain, il me tournait le dos et semblait bouder. Il rigolait de manière bizarre, aussi. Avec lui, je me suis souvent senti humilié, déshonoré. J’avais l’impression qu’il m’enlevait ma dignité. Au fil des semaines, ma colère s’est transformée en rage. Dans sa tête, j’étais un animal, un déchet. Ça me déchirait de l’intérieur. Alors j’ai fini par exploser lors d’un l’entraînement. On s’est violemment battus et je ne le regrette pas. On fait le même métier, il y a quand même un minimum de respect à avoir.