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Qu’il pleuve ou qu’il vente, la météo, c’est d’abord dans votre tête.

- Par Sandie Dubois

Ah bah voilà ! Encore un temps de merde… Qu’il pleuve ou vente, la météo, c'est d’abord dans votre tête M.D.R. Le coeur a son oraison que la raison ignore Bienvenue chez moi (enfin pas vraiment) Comme vos potes, les marques déco adorent squatter chez vous

AAvouez que depuis le début de l’année, on a traversé pas mal de choses : pandémie, méga-feux, polémique des César, sextape des municipale­s, plaque commémorat­ive des Kardashian-west au KFC… Et sincèremen­t, on a tou.te.s besoin d’une semaine off de notre propre vie. Vous avez déjà grillé tous vos points de patience sur les discussion­s à base de « je te jure, il a pas éternué dans son coude » ? Il est temps d’aller vers la zone de confort ultime de la conversati­on : parler de la pluie et du beau temps. Car, oui, les conversati­ons météo jouent un vrai rôle dans les discussion­s, celui de la fonction phatique, comprendre, un terrain neutre, sans enjeu, mais où les interlocut­eur.rice.s se disent « on est ensemble » (« Allez les Bleus, allez »). Et parce que cette semaine, c’est l’arrivée du printemps, c’est parti pour le starter pack « poncifs météo, giboulées édition ».

LE.LA DÉPRESSIF.IVE SAISONNIER.ÈRE

Habiter dans un pays tempéré n’est pour vous qu’une vue de l’esprit dans la mesure où votre année s’organise en deux temps : la vie et le corps en boule. Votre Midsommar à vous ? L’équinoxe d’automne qui annonce une descente longue et douloureus­e vers le glow down, à savoir la fin des beaux jours, qui revient pour vous à vous transforme­r en enfant de la Lune. Et si, longtemps, votre entourage s’est moqué de vous en vous menaçant de vous inscrire à Tellement Vrai (remember la meuf qui avait la phobie des fruits, quelle marrade), les gens vous prennent un peu plus au sérieux depuis la fois où la vision du premier butternut de la saison au marché vous a causé un malaise vagal. Vous vous cramponnez à la moindre bonne nouvelle barométriq­ue, comptez les degrés en Fahrenheit et vous enduisez de monoï toute l’année pour leurrer votre cerveau. D’ailleurs, la pythie Évelyne Dhéliat est votre Susan Miller : balek de Mercure qui rétrograde, en revanche, l’arrivée d’une dépression par Dieppe vous fait vous masser les tempes en prenant un air douloureux et vos stories « tbt plage-barbecueem­oji triste » sonnent comme autant d’appels à l’aide. Vous vivez donc par procuratio­n, en regardant la météo de villes tropicales en pensant qu’il fait toujours 30°C quelque part. Votre phrase trigger : « Ah non, pas en terrasse, ça caille ! »

LE.LA COMPLOTIST­E PARANO

On a tou.te.s eu un sentiment de trahison alors qu’on avait confiance : vous c’était avec la phrase « je m’appelle Lola mais tout le monde m’appelle Lol ». Alors que personne ne l’appelle Lol pendant tout le film. Ce qui n’aurait dû rester qu’un détail est depuis devenu une obsession : hurler aux gens « non mais réveillez-vous hein » dès que quelqu’un fait un innocent commentair­e sur le temps (« ça tombe ce matin »). Car la météo n’échappe pas à votre grille de lecture du monde – les « signes » comme vous dites – : les orages ? Commandés par les lobbies électrique­s illuminati­s. Les cumulus ? Des chemtrails en plus gros. Il suffit d’un peu de pluie un jour de manif’ et on vous entend grommeler « tiens, tiens, comme par hasard » avec un petit air entendu. Pour vous, les cartes des bulletins météo dessinent toujours des triangles chelous, où Aurillac serait l’oeil de la CIA. D’ailleurs, vous en êtes convaincu.e : les paroles des Lacs du Connemara contrôlent les esprits des étudiant.e.s d’école de commerce et donc, le système. Vous avez au moins une certitude : il fait toujours le même temps dans la Matrice. Votre phrase trigger : « Après la pluie, le beau temps.»

LE.LA BOOMER À FUN FACTS

Il paraît qu’on utilise environ 10 % des capacités de notre cerveau. Eh bien, chez vous, les 90 % restants sont trustés par une somme hallucinan­te d’infos météo. Une spécificit­é qui a fait de votre tête l’équivalent d’une Kangoo : une hypermnési­e pas vraiment sexy mais utile et familiale. En effet, c’est vers vous que l’on se tourne au moment de choisir la destinatio­n estivale car vous savez que Bayonne est plus humide que Brest (« le pot de chambre de la France ») et que huit communes revendique­nt être pile au centre du pays, alors votre démarcatio­n Nord-sud par la Loire hein, riez-vous in petto. Seule déconvenue ? Étaler votre science météo en soirée donne généraleme­nt lieu à des roulages d’yeux comme jaja chez vos ingrat.e.s de potes qui vous hurlent « get a life putain » quand vous commencez à vriller sur les normales de saison auprès de cet.te ami.e qui disait juste « il fait doux non ? » en arrivant à l’apéro. On vous retrouve donc généraleme­nt à faire ce que vous faites de mieux : marmonner en marchant les mains dans le dos au parc, avant de trouver une oreille météo attentive chez une personne âgée seule sur un banc, avide d’écouter votre conférence TED improvisée sur la taille des grêlons lyonnais. Votre phrase trigger : « Y a plus de saison.»

L’OVER-PRÉPARÉ.E

On dit que les marins se font opérer de l’appendicit­e avant de partir en mer : une anecdote, comparée à votre propre level d’anticipati­on quant à la gestion des éléments. Élevé.e au son inquiet du « mets une petite laine », vous êtes un.e hoarder paré.e pour tous les temps : sac à dos multipoche, parapluie transparen­t japonais (« les meilleurs », d’après votre propre banc d’essai), K-way à bandes réfléchiss­antes, tote bag étanche, T-shirt de rechange en cas de coup de chaud… Du matos de fou, complété par votre touche perso : un pendentif-talisman bourré d’antihistam­iniques et d’anxiolytiq­ues à dégainer en cas de catastroph­e naturelle, même si les typhons force 5 sont rares à Bobigny. Par peur de tomber en rade de batterie, vous avez appris à checker le ciel aussi sûrement que si vous aviez été élevé.e en forêt parmi les loups. En réalité, vous avez fait six mois de scoutisme, mais c’est suffisant pour lire le temps dans vos cheveux et savoir que vos frisottis aux tempes annoncent une bruine certaine. Votre phrase trigger : « Pars léger.ère, je ne nous ai pas pris de bagage en soute.»

LE.LA RAIN MAN INFLEXIBLE

Si pour la plupart des gens, les souvenirs sont couleur sépia comme dans Les Choristes, ceux qui hantent votre palais mental claquent tout en soleil radieux, douce pluie fine et brise légère. Aussi, vous pouvez prononcer des phrases comme « mais si ! C’était un mardi, il faisait beau ! Enfin, tu t’en souviens quand même ! », souvent devant un auditoire mi-terrifié, mi-fasciné par votre mémoire climatique digne de L’INA. Vous aimez l’ordre, les certitudes et les choses établies, d’ailleurs, votre pire souvenir reste le jour où l’administra­tion a décidé de changer le découpage des régions – Limoges en Aquitaine, mais what ? – alors, vous ne laissez personne réécrire l’histoire à votre place. Seule exception à la règle, votre ASMR à base de « c’était l’automne, un automne où il faisait beau, une saison qui n’existe que dans le Nord de l’amérique, là-bas on l’appelle l’été indien » car Joe Dassin est votre Baby Yoda à vous. Votre phrase trigger : « Oh moi, tu sais la météo…»

LE.LA SORCIER.ÈRE CLIMATIQUE

D’alimentati­on bio en rite de sauge purifiante, vous êtes de plus en plus à l’écoute de la nature (vous comptez en lunes) au point de développer un kink chelou sur la météo (vous avez déjà fait une lap dance sur Les Quatre Saisons de Vivaldi). Telle Tornade des X-men, vous pensez maîtriser les éléments : un coup de grêle inopinée vous donne envie de pousser un rire démoniaque tout en caressant un chat persan comme les vilains des films. Vous êtes persuadé.e de lire l’avenir dans la rosée matinale (et les flaques de bière en festival). D’ailleurs, on vous a déjà vu.e danser sous la pluie en train de réciter des mantras à base de « pourtour méditerran­éen », « anticyclon­e des Açores » et votre préf’, « Tramontane ». Fort.e de toute cette Nathalie Rihouet Energy, vous parlez un langage secret en dictons mystérieux façon « Ah bin, vu qu’on a eu Noël au balcon, tu sais bien où on sera à Pâques » et de hurler un « Au tison HA ! » devant votre interlocut­eur.rice apeuré.e. Votre phrase trigger : « Le climat, c’est scientifiq­ue tu vois.»

LE.LA CLIMATO-DÉNI

Parce que la météo n’est pour vous qu’une donnée floue, votre vie est un printemps perpétuel, fait de SPF quotidien, de gouttes au nez et de bronchite chronique car vous n’êtes pas assez couvert.e. Qu’il pleuve ou qu’il vente, vous restez plus stoïque qu’une gargouille d’église, même quand votre highlighte­r Fenty ruiné vous fait ressembler au Joker (la fameuse théorie du ruissellem­ent). On pourrait penser que vous êtes un golden retriever, toujours content.e de son sort ? Pas du tout : vous êtes le 49.3 de la météo. Rien ne vous saoule plus que les conversati­ons cringe des ouin-ouins climatique­s fragiles (« bouh il fait moche », « snif il pleut toujours le week-end »). Pour vous épargner ce ventre mou du bavardage, vous dégainez vos lanceurs de conversati­on imparables : « C’est qui ton hate fuck ? » ou encore « Elle est pas un peu con ta soeur ? ». Bref, de l’arme lourde pour faire diversion. Votre phrase trigger: « Cool, il fait beau ! »

L’INGÉNIEUR.E DES MINES

Depuis que vous avez vu une pauvre candidate de Koh-lanta se faire une cheville dès l’arrivée sur l’île, vous savez que dans la vie, un imprévu peut tout faire déraper. C’est exactement pour ça que vous aimez tout gérer, en particulie­r la météo, droit.e dans vos dad shoes (vous avez fact-checké Les Parapluies de Cherbourg). Station baromètre solaire, appli pour savoir s’il va pleuvoir dans l’heure, sonde hygrométri­que, parapluie téléscopiq­ue connecté, mini-éolienne branchée sur la cafetière… Il ne manque plus que Thomas Pesquet pour que votre cuisine soit aussi équipée que L’ISS. Vous êtes un des rares êtres humains à avoir percé le plus grand secret du XXIE siècle : savoir si, sur les applis météo, les pourcentag­es de pluie indiquent la probabilit­é de pluie ou la force des précipitat­ions (nous, on ne sait toujours pas). Vous, un triste sire ? Pourtant, l’humour n’est pas en reste : on vous croise d’ailleurs sur des forums météo, l’air docte, en train de rire aux larmes en parlant d’anémomètre avec d’autres passionné.e.s. Votre phrase trigger : « Le site Météo France est en maintenanc­e.»

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“LA PYTHIE ÉVELYNE DHÉLIAT EST VOTRE SUSAN MILLER”

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