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Le fond des bas-fonds

- GAËL GOLHEN

Avec Capharnaüm, Nadine Labaki prend Cannes en otage et nous offre le grand fric-frac émotionnel de cette édition.

Quand le dernier plan est apparu sur l’écran, on a eu du mal à y croire. L’image fixe d’un gamin cabossé, regard caméra et sourire radieux. Un happy end qui dure, qui dure, digne d’un spot UNICEF ou d’une vieille pub Benetton. On a été encore plus surpris par les applaudiss­ements (qui duraient, qui duraient) des confrères, venant finalement confirmer le buzz bossé de longue date. Depuis plusieurs semaines, la rumeur enflait. On parlait de Capharnaüm comme d’une évidence. Sur Twitter un réalisateu­r ami de la Gaumont (qui distribuer­a le film en France) le comparait carrément au Kid de Chaplin.

Jusqu’ici manquait à cette édition sa Palme du coeur, son symbole médiatique qui fait battre le coeur des ménagères prime-time, le « tsunami d’émotions » qui noie la Croisette. Il est arrivé hier et les festivalie­rs ont tous plongés dedans les bras en croix. Le film commence dans une salle d’audience où le gamin cabossé assigne ses parents au tribunal. Motif : ils lui ont donné la vie dans ce monde de merde ! On pense déjà plus à Lelouch qu’à Chaplin. En flashback, la cinéaste se met alors à raconter l’histoire du môme procédurie­r et balaye pendant deux heures tous les maux de la société bayrouthin­e (gamins des rues, migrants, mariage forcé…). Lelouch est désormais très loin et c’est Bernard de La Villardièr­e qui prend le relais. Mais pas de quoi s’affoler devant cet état des lieux très concerné sur la misère du monde, puisqu’au final le môme va sourire et que le festivalie­r va en tremper son costard. Le petit avait raison : monde de merde.

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